Suite à la baisse de la valorisation des titres en actions détenus par les régimes de retraite, les plus-values latentes de ces placements se sont situées à 0,5 milliards de dirhams en avril 2020 contre 19,3 milliards en décembre dernier avant d’entamer une reprise en mois de mai pour s'établir à 2,2 milliards de dirhams. Cela dit, la baisse des rendements des actions cotées semble cependant avoir un effet limité, principalement de par l’horizon d’investissement généralement long de ces régimes et la reprise attendue des marchés financiers dans les années à venir.
La crise sanitaire a eu raison de la valorisation des placements des régimes de retraite. Sans surprise, la valeur marché de ces derniers s’est située à 267,2 puis à 266,2 milliards de dirhams respectivement en mars et avril derniers, soit une dépréciation respectivement de 7,6% et 8,0% par rapport à leur valorisation en décembre 2019.
Ces placements ont enregistré sur le mois de mai une légère reprise de 0,64% pour se situer à 267,9 milliards de dirhams, soit une baisse globale de 7,4% sur les cinq premiers mois de l’année 2020 par rapport à leur niveau à la fin de l'exercice précédent.
"Cette baisse a été plus prononcée pour les placements en actions et particulièrement celles cotées à la bourse des valeurs", apprend-on du dernier rapport sur la stabilité financière édité par les régulateurs du secteur financier marocain (BAM - AMMC - ACAPS et ministère des Finances).
Les actions représentent 24,3% des placements des trois régimes à fin 2019
Les actions, qui représentaient 24,3% des placements des trois régimes à fin décembre 2019, ont enregistré des baisses de 21,9% entre février et mars 2020 puis de 2,4% en avril 2020 avant de se redresser de 1,7% le mois suivant pour se situer à 54,5 milliards de dirhams à fin mai, soit une dépréciation de 22,5% par rapport à la valorisation de décembre dernier.
Entre décembre 2019 et mai 2020, le portefeuille actions cotées détenu par les trois régimes a cependant enregistré une quasi-stabilité (baisse de 0,2% uniquement entre les deux dates) traduisant ainsi un maintien des titres au sein des portefeuilles de ces régimes. Au niveau de chaque régime, le portefeuille des actions cotées détenu par la CIMR a enregistré sur la même période une hausse de 2,7% contre une baisse de 4,6% pour le RPC-CMR. Celui du régime général du RCAR a enregistré, quant à lui, une légère hausse de 0,1%.
Effondrement des plus-values latentes
Suite à la baisse de la valorisation des titres en actions détenus par les régimes de retraite, les plus-values latentes de ces placements se sont situées à 0,5 milliards de dirhams en avril 2020 contre 19,3 milliards en décembre dernier avant d'entamer une reprise en mois de mai pour s'établir à 2,2 milliards de dirhams. Cela dit, la baisse des rendements des actions cotées semble cependant avoir un effet limité, principalement de par l’horizon d’investissement généralement long de ces régimes et la reprise attendue des marchés financiers dans les années à venir.
Stress tests sur les projections actuarielles
Sur la base des données disponibles des cinq premiers mois de l’année 2020, des stress tests ont été effectués sur les hypothèses des projections actuarielles des régimes réalisées sur la base des données de 2019 et ce, afin d’évaluer les impacts constatés et futurs de la crise sanitaire sur leurs équilibres.
Le premier paramètre stressé est la valorisation des actions détenues par les régimes de retraite ainsi que leurs rendements financiers futurs. Le deuxième paramètre est l'effectif des actifs cotisants des régimes ainsi que l'évolution de leur intégration.
Les résultats montrent que les impacts possibles de la crise sanitaire sur la valorisation et le rendement des actions cotées semble avoir un effet limité sur les indicateurs d'équilibre des régimes de retraite par rapport à celui engendré par la baisse de l'emploi et des effectifs des actifs cotisants couverts par les régimes du secteur privé. Les indicateurs d'équilibre du régime des pensions civiles, qui dispose d’un horizon plus réduit avant l'épuisement de ses réserves, n’enregistreraient pas, à l’instar du régime général RCAR, une dégradation sensible même dans le cadre du scénario extrême. En effet, les dates d'épuisement des deux régimes resteraient inchangées par rapport aux projections en absence d’impacts de la crise sanitaire.
La CNSS, dont l’effectif des actifs cotisants a connu une baisse de 35,8% à fin mai 2020, enregistrerait, en conséquence, une accélération maximale de quatre années de la date de l'épuisement de ses réserves et de deux années de la date de son premier déficit global. En ce qui concerne la CIMR, dont l’impact de la crise se reflète aussi bien sur les placements que sur les effectifs des actifs couverts, le niveau du taux de préfinancement enregistrerait une dégradation tout en restant supérieur à son seuil réglementaire. Le régime continuerait, cependant, à enregistrer des excédents et à accumuler des réserves tout au long de la période de projection.