Jeudi 30 Janvier 2020

Le marocain Youssef Squali dans le Top 25 des analystes financiers de Wall Street

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Dans le milieu hyper-compétitif de la finance à New York, il n’est pas aisé de se frayer un chemin. Et pourtant, le Marocain Youssef Squali a réussi le pari pour devenir l’une des étoiles montantes de l’analyse financière de la bourse de Wall Street. Son succès, il le doit à son dur labeur, mais surtout à une approche originale et une éthique du travail qui font toute la différence dans ce milieu.

 

Directeur général pour la Recherche Action (Equity Research) à la SunTrust, Youssef Squali a été classé récemment au Top 25 des meilleurs analystes financiers de la décennie par TipRanks, leader mondial de la technologie financière (Fintech).

En effet, au cours des dix dernières années (2010-2020), TipRanks, qui mesure les performances des analystes financiers, a suivi plus de 625.000 recommandations d’actions formulées par plus de 6.000 analystes de Wall Street. Elle a ainsi classé les analystes en fonction de leur rendement moyen et leur taux de réussite pour chaque note d’achat ou de vente au cours des 12 mois suivants, ainsi que du nombre de notations émises par chaque analyste.

Spécialiste des grandes entreprises d’internet et des nouveaux médias, à l’instar des grosses boites de technologie de la Sillicon Valley comme Google, Facebook, Amazon, et Uber, Youssef Squali a été classé 15è meilleur analyste, toutes catégories confondues, aux Etats-Unis.

Du haut de ces vingt années de métier d’analyste financier à New York, l’expert marocain a concrétisé, sur les dix dernières années, un taux de succès de 76 pc en termes de recommandations d’actions pour les gérants de portefeuilles, avec une moyenne de rendement de près de 30 pc par recommandation.

En d’autres termes, pour chaque action d’entreprise recommandée par lui et son équipe, la valeur a grimpé de 30 pc sur une période de 12 mois.

De même, au classement annuel de TipRanks pour 2019, Youssef Squali s’est classé au Top 10 des meilleurs analystes financiers de Wall Street, toutes catégories confondues.

Le fruit d’un véritable travail de fond et de persévérance, “rythmé de longues journées de 12 heures au bureau et ailleurs”, résume M. Squali dans un entretien à la MAP.

L’essentiel du rôle des analystes financiers est de produire ce qui est communément appelé le “Alpha generation”, c’est-à-dire la différence entre ce que le marché (S&P 500) prévoit en termes de progression des valeurs des actions, et la concrétisation des prévisions des analystes en la matière, explique-t-il.

Ainsi, le rôle des analystes financiers est d’aider les gérants de portefeuilles institutionnels, qui, en gros, n’ont pas la capacité humaine et intellectuelle d’analyser les quelque 3.000 actions cotées en bourse aux Etats-Unis, en plus de milliers d’autres actions cotées dans les bourses mondiales.

Titulaire d’un MBA de l’université de Hartford, dans le Connecticut, Youssef Squali avait quitté le Maroc assez jeune, juste après avoir empoché son baccalauréat en sciences mathématiques au prestigieux lycée Moulay Youssef de Rabat. C’est alors qu’il s’envole vers Paris pour des classes préparatoires à HEC, avant d’obtenir un diplôme de Bachelor à l’American School de Paris et de décrocher, par la suite, une bourse d’étude au pays de l’Oncle Sam.

“L’idée c’était honnêtement de passer une année ou deux de formation pratique après le MBA et de se familiariser avec le milieu financier avant de rentrer au Maroc ou de retourner en Europe”, se souvient encore ce natif de Fès.

“Et puis, de fil en aiguille, de banque en banque, vingt ans plus tard on est toujours-là”, ironise-t-il avec un petit sourire au coin du visage.

Le secret de son succès? “C’est très simple”, répond-il. “Il faut avoir un esprit curieux et être prêt à travailler dur et à persévérer”.

Le métier d’analyste financier n’étant pas une science exacte, il faut par conséquent essayer d’aborder la chose à partir de plusieurs angles différents, fait observer Youssef Squali, qui apparaît fréquemment sur la chaîne américaine d’information financière CNBC.

“Donc, il faut non seulement de la persévérance et du travail, mais aussi se demander constamment ce que l’on peut faire différemment des autres 6.000 analystes du marché, qui pour la plupart sont des Américain diplômés des écoles et des universités US”, relève-t-il.

“Le fait que je sois né au Maroc et que j’ai fait des études en France, me procure une vision et une optique un peu différente de la chose”, fait valoir cet expert financier, dont les commentaires sont souvent cités par la presse internationale spécialisée comme le Wall Street Journal et le Financial Times.

“C’est comme si on avait un problème mathématique à résoudre, et il y a plusieurs façon de le faire”, fait observer Youssef. “Lorsque tout le monde essaie de résoudre le problème de la même manière, on risque alors de passer à côté de certains détails qui peuvent se révéler importants”.

Revenant sur le quotidien de son métier, Youssef Squali explique que l’autre volet du travail d’une banque d’affaire est d’aider les entreprises à se faire financer et à réaliser leurs introductions en bourse”.

La dernière en date était celle de Peloton, la société de vélos d’appartement connectés, dont les produits rencontrent un succès fulgurant aux Etats-Unis et qui vaut aujourd’hui en bourse la coquette somme de 12 milliards de dollars. En plus de l’introduction en bourse il y a six mois de Uber, dont la valeur actuelle se situe aux environs de 60 milliards de dollars.

Evoquant sa culture du travail et ses relations avec son équipe, l’analyste marocain affirme qu’il faut pouvoir “non pas tirer le maximum des gens, mais le meilleur d’eux. Et on fait cela en les inspirant”. “Certes, l’argent est important, mais il faut inspirer les gens par d’autres choses que l’argent, c’est-à-dire en maintenant un environnement de travail sain et en les traitant avec respect et professionnalisme”.

C’est justement la raison pour laquelle il a réussi, au cours des quinze dernières années, à garder pratiquement la même équipe, qui l’a suivi dans les différentes plateformes financières où il a travaillé.

“C’est presque du jamais vu à New York, où la moyenne de la durée d’un analyste financier chez une banque est de 2 à 3 ans seulement. Celle d’un associé qui travaille pour un analyste n’est que de 1 à 2 ans”, fait-il observer.

Le message de Youssef Squali aux jeunes marocains qui ambitionnent de percer dans le milieu de la finance ou ailleurs : “Rien n’est impossible !”. “Je dirai qu’il faut avoir une idée bien précise de ce que l’on veut, et ne jamais laisser tomber”, préconise ce père de trois enfants.

Selon lui, les jeunes ne devraient “pas se laisser décourager par les obstacles, car des obstacles il y en aura toujours”.

“Lorsque j’avais obtenu mon MBA”, se souvient-il, “j’ai fait quelque 600 appels téléphoniques en l’espace d’un mois pour trouver un premier boulot à Wall Street”.

“Ce n’est pas facile, il faut beaucoup de persévérance, et il faut aussi se positionner d’une façon différente des autres”, prévient-il.

“Donc, à tous les jeunes marocaines et marocains intéressés par le monde de la Finance, je leur dis, différenciez-vous par votre intelligence, différenciez-vous par votre fureur de vouloir réussir mais surtout différenciez-vous par votre éthique de travail, c’est peut-être le plus important à long terme”, lance en guise de conseil l’expert marocain.

Youssef Squali est récipiendaire de plusieurs distinctions, notamment le “Best on the Street 2011” décerné par le Wall Street Journal, le “All-Star Analyst” du Financial Times en 2009, et la “All-Star Analyst” de Forbes Magazine pour la période 2004-2007.

Il a également été décoré à deux reprises par  le Roi Mohammed VI en 1999 à New York, et en 2016.

MAP. 

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