La rumeur revenait avec insistance depuis février dernier, moment où le Conseil d’Administration de CIH Bank, pilotée à l’époque par Ahmed Rahhou, avait décidé de solliciter l’autorisation des actionnaires pour une augmentation de capital. Les évènements récents ont renforcé ce scénario évoqué dans les milieux d’affaires depuis 2 ans déjà.
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Pourtant, le management de CIH Bank spécifie dans la note d'information visée par l'AMMC et rendue publique lundi, qu'à sa connaissance, les actionnaires de référence de la banque, que sont Massira Capital Management (qui détient 65,88% du capital), Holmacrom (0,14%), Sanad (5,87%) et Atlanta (5,74%) ont l’intention de souscrire à titre irréductible à l’augmentation de capital. Cela signifie qu’après l’augmentation de capital, ces actionnaires garderaient le même pourcentage de contrôle. Mais dans les faits, rien n'empêche Massira Capital Management par exemple, de renoncer partiellement ou totalement à ce droit au profit de Holmarcom et ses filiales Atlanta-Sanad.
D'ailleurs, l'annonce par Holmarcom d'une réorganisation de son pôle Finance quelques heures avant le feu vert de l'AMMC pour l'augmentation de capital du CIH Bank a renforcé chez beaucoup d'observateurs avertis le sentiment d'un rapprochement entre les deux groupes qui mènent une aventure réussie dans la bancassurance depuis plus de 12 ans.
La réorganisation des activités financières de Holmarcom, se traduit par la création de 3 nouvelles structures portant pour l'une d'entre elles les activités d'assurance, une autre holding portera les participations en Afrique subsaharienne et une troisième holding est destinée à porter l’ensemble des participations des activités financières du groupe. C'est cette dernière qui est susceptible de porter les participations bancaires d'Holmarcom, dont celles dans CIH Bank.
Holmarcom et la CDG n’en seraient pas à leur coup d’essai. Leurs deals se sont souvent avérés judicieux, quand par exemple Holmarcom rachetait les parts de la Caisse dans Atlanta.
Synergies
Dans son précèdent plan stratégique, qui a pris fin en 2018, CIH Bank avait réalisé une prise de participation de 10% dans le capital d'Atlanta pour consolider les synergies dans la bancassurance avec les compagnies d’assurance du groupe Holmarcom. La CDG avait alors vendu ses parts dans ces compagnies à CIH Bank. Aujourd'hui, et dès le début de son plan de développement 2019-2023, la banque pourrait voir son partenaire stratégique monter dans son capital... Et la boucle sera bouclée ! Le duo CDG, Holmarcom rajouterait une nouvelle pierre à son édifice commun.
Le désengagement, même partiel, de la CDG ( à travers Massira Capital Management) au profit de Holmarcom, aurait du sens dans la nouvelle stratégie de la CDG qui veut se transformer progressivement, à horizon 2022, en investisseur financier au lieu de son schéma historique d'opérateur.
En 2018, Atlanta a vu son chiffre d'affaires dans la Vie augmenter de 12,9%, porté par l'activité bancassurance et le partenariat avec CIH Bank. CIH Bank propose pour sa part une carte complète de produits d'assurances à sa clientèle et peut même se positionner sur une clientèle plus patrimoniale grâce à ce partenariat que les dirigeants des deux groupes saluent à chaque occasion.
Le marché surveillera avec intérêt le dénouement de l’augmentation de capital de CIH Bank alors qu’un autre investisseur institutionnel, le RCAR, qui détient 4,6% du capital, pourrait aussi jouer le rôle de contrepartie pour Holmarcom sur le marché de blocs, d’autant plus que cette caisse de retraite est gérée par le pôle prévoyance de la CDG.
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Une montée en force de Holmarcom dans CIH Bank permettra au groupe de faire une rentrée fracassante dans le secteur bancaire dont il ne détient aujourd’hui que des participations minoritaires à l’image de BMCI dont il pocède près de 9% du capital.
Les rapprochements et interconnexions entre institutions bancaires et assurances sont bien établies au Maroc. Selon des données récentes de la banque centrale, 12% des actifs détenus par les compagnies d'assurance sont sous forme de titres (actions ou obligations) de banques. A l'inverse, l'exposition des banques aux assurances ne dépassent pas 0,3% de leurs emplois.
A.Hlimi