Vendredi 30 Decembre 2016

Le Bilan boursier de léannée

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Ouverture de plus en plus accrue des sociétés cotées sur leur environnement régional, mouvements de concentration à tout-va, pression sur les taux et volatilité des matières premières. Tout cela saupoudré de la perspective d'adoption d'un régime de change flexible. C'est le contexte dans lequel ont évolué les entreprises listées à la Bourse de Casablanca cette année qui se termine d'ailleurs, en beauté, sur un rallye de fin d'année des plus profitables de l'histoire récente du Masi avec un gain de 13% entre le plus bas et le plus haut de décembre. Sur toute l'année 2016, le Masi termine sur une hausse de 30,46%. Les indices Footsie 15 et Footsie All liquid gagnent respectivement 44,36% et 32,74%, ce qui les propulsent aux meilleurs rangs mondiaux. 
 

Le Footsie Morocco 15 surperforme de plus de 30 points l'indice Footsie All World Index. Source : Financial Times. 

 

 
 
 
 
Les taux bas au Maroc et les mouvements géopolitiques dans la région ont fait que les placements en actions marocaines étaient (sont encore ?) des plus profitables en Afrique, tant la performance de la Bourse de Casablanca est dans le trio de tête continental, sans pour autant être excessivement chère. Certes, du chemin reste à faire pour revenir à des volumes dignes d'un marché émergent et à une liquidité qui encourage la prise de risques. Mais la volonté politique est bien là. Cela dit, le temps des réformes est d'une lenteur agaçante et résoudre ce problème de fonds prendra beaucoup plus de temps que nécessaire au Masi pour retrouver ses plus hauts historiques, s'il en trouve la force. 
 
 
Cette année fut celle des rattrapages et des belles histoires. Le cash a profité aux entreprises qui étaient en difficulté en 2014 et en 2015 et qui, après chaque lueur d'espoir, ont vécu des rallyes qu'on aurait qualifié de surréalistes il y a 3 ans lorsque la Bourse était à l'agonie. Les détracteurs de la professionnalisation du marché ont également pu contempler comment les changements de périmètre et les stratégies expansionnistes des grands groupes solides ont été salués parfois, sanctionnés d'autres fois, lorsque de nouveaux marchés ou de nouvelles stratégies sont jugées risquées. 2016 était également l'année de la réconciliation avec le secteur immobilier et les technologiques, oubliées pendant 2 ans.
 
2016 a été l'année de l'IPO de Marsa Maroc. Une introduction en Bourse qui a démontré que la recette d'un deal réussi est toujours la même : sous-valoriser, communiquer simplement et fixer le prix de l'IPO comme l'on fixerait le prix d'un produit destiné à la masse. 
 
 
 
2016 a été également l'occasion de nous rappeler que les placements en actions sont les plus profitables à long terme. Récupérer le double de sa mise, des fois la multiplier par trois est difficilement à la portée des autres types de placement. Mais les risques ne sont pas les mêmes, il faut l'admettre. Enfin, 2016 a été l'année de la réconciliation des investisseurs privés avec les placements en actions. Le nombre de comptes titres des particuliers aurait augmenté cette année, selon le comité de coordination des risques systémiques. Mais les données disponibles jusqu'à présent rendent difficile l'appréciation de l'ampleur de cette hausse. 
 
Les années haussières et les années baissières à la Bourse de Casablanca depuis 2003. 

 

 
 
Des stars, des futurs stars et de la spéculation 
Pas moins de 50 entreprises cotées ont vu leur cours grimper cette année.  Cela va de quelques points de pourcentage à 131,92% pour Dari Couspate. Mais parmi ces valeurs, certaines sont encore spéculatives et ne font pas l'unanimité, quand d'autres bénéficient d'un consensus solide. Il y a donc les hausses "rationnelles", et celles qui le sont moins.
 
 
Alliances. De l'ombre à la lumière  ?
Enterrée en milieu d'année dernière après le retard de publication de ses comptes et la concrétisation des craintes des opérateurs (notamment sur le comportement de sa dette privée sur le marché secondaire), Alliances a montré quelques signes de redressement depuis, poussant même certains analystes à la recommander à l'achat. L'action a gagné 125,37% sur l'année. Mais une bonne partie de la hausse est spéculative. L'entreprise doit encore confirmer, en finalisant la restructuration de ses dettes et en présentant au marché les résultats annuels promis en septembre dernier par le management. 
 
Snep : Beaucoup d'espoir 
Snep, tout comme Alliances, est l'exemple type d'une valeur spéculative : Lâchée complètement et oubliée par les investisseurs, la liquidité sur la valeur était telle qu'une petite lueur d'espoir, après l'instauration de mesures antidumping en sa faveur, a fait réagir brusquement le cours de l'action qui s'est apprécié de 104,38% en 12 mois. Profitera-t-elle réellement de ce protectionnisme ? Les actionnaires en toucheront-ils les bénéfices ? Ils semblent avoir tranché sur ces questions et l'expriment sur le marché. 
 
Cosumar, Marsa Maroc : on finit toujours par apprécier les fondamentaux 
Elles aussi ont connu des hausses fulgurantes cette année. Cosumar (+101,17%) et Marsa Maroc (+80%) disposent de fondamentaux solides. Certes, Marsa Maroc est un peu plus cyclique et dépend beaucoup des décisions politiques,  mais les vents lui sont plutôt favorables en ce moment.  Ce sont les plus belles histoires de cette année 2016, au coté de la pépite Dari Couspate. Une PME discrète, qui travaille dans l'ombre, qui a vu son cours grimper de 131,92% cette année. Mais l'action n'est pas liquide. 
 
Le réveil des technologiques 
On le disait un peu plus haut, l'année 2016 a été également celle des technologiques. Leur indice sectoriel s'est apprécié de 46,59%, ce qui le place dans le top 5 des indices sectoriels, si l'on exclut ceux mal représentés ou représentés par une seule action, comme la Sylviculture et Papier. Ces entreprises "Technos" profitent d'un redressement des marges, d'une ouverture sur des métiers plus robustes et plus globaux et d'une expertise de plus en plus reconnue à l'international. Leur talon d'Achille reste néanmoins le Dollar, monnaie de leur approvisionnements et qui, comme vous le savez, n'arrête pas de flamber. 
 
Pour 2017, les perspectives demeurent prometteuses pour les placements en actions si les taux restent bas et si le change flottant est adopté. D'ailleurs, on peut s'interroger sur l'éventualité que le marché commence déjà à intégrer cette libéralisation partielle du Dirham qui, théoriquement, drainera plus d'investisseurs internationaux. Mais les contraintes sur ces investisseurs mondiaux compliquent la donne : Hausse du Dollar, disparition de la synchronisation entre la politique monétaire européenne et celle américaine, perspectives robustes pour les pays développés, notamment aux Etats-Unis... Autant d'éléments qui, a priori, ne profitent pas aux pays émergents ou frontières comme le Maroc.  Mais nous ne sommes pas à une surprise près. 
 
 
 
 
 
 
 

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