Le Conseil de Bank Al-Maghrib a jugé que le niveau actuel de 3% du taux directeur favorise le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, a indiqué mardi à Rabat le Wali de Bank Al-Maghrib à l’occasion du dernier Conseil de politique monétaire de l’année.
Pour cette quatrième et dernière échéance de 2023, le Conseil de BAM a préféré prolonger le statu quo pour une troisième fois consécutive, une décision largement anticipée par les opérateurs. Selon le Wali, le niveau actuel à 3% permet un retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, une perspective qui devrait rassurer les marchés sur l’orientation future de la politique monétaire. D'autant plus que le Conseil a également relevé que les anticipations d’inflation à moyen terme, telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de BAM, ont continué de diminuer au quatrième trimestre de 2023.
Dans cette enquête, 63% des répondants anticipent une stagnation de l’inflation au cours des trois prochains mois, 30% tablent sur une hausse, tandis que 7% s’attendent à une baisse. Par ailleurs, l’enquête de Bank Al-Maghrib sur les anticipations d’inflation, conduite auprès des experts du secteur financier pour le quatrième trimestre 2023, montre que ces derniers anticipent une inflation moyenne de 3,3% à l’horizon des huit prochains trimestres, au lieu de 3,9% lors de l’édition précédente. Sur l’horizon des 12 prochains trimestres, leur anticipation s’établit à 3,2%, au lieu de 3,5%. Les enquêtés estiment que l’évolution de l’inflation au cours des huit prochains trimestres dépendra essentiellement des cours mondiaux des matières premières hors pétrole, des prix à la pompe et des décisions de politique monétaire. Dans la précédente enquête, menée le trimestre précédent, les craintes étaient plutôt relatives à l'inflation chez les pays partenaires.
La banque centrale estime également que la transmission cumulée de ses trois dernières décisions de relèvement du taux directeur aux conditions monétaires et à l’économie réelle se poursuit.
L'indice des prix à la consommation (IPC) publié par le HCP au lendemain du Conseil vient conforter la décision du Conseil. En rythme annuel, l'inflation est de 3,6% en novembre sur des niveaux de février 2022 au tout début de l'épisode ukrénien.
Pas de pivot en vue ?
La grande question est désormais de savoir si la banque centrale va entamer un cycle baissier des taux, ce fameux pivot que la FED américaine a désormais acté pour 2024 mais que la BCE préfère encore retarder. Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, a exclu la semaine dernière toute baisse du taux directeur pour le moment. Interrogé sur cette éventualité au Maroc, Abdellatif Jouahri a éludé la question, expliquant qu'il "est encore tôt pour en parler", avant de se projeter sur un horizon plus long. Selon le Wali, le Conseil doit désormais donner la priorité à la prochaine étape de flexibilité qui sera accompagnée par une politique monétaire plus réactive. Cela passe par une actualisation des modèles de données de la banque pour mieux fonder ses décisions. Le Wali a insisté sur la nécessité de préparer l'ensemble des parties prenantes avant de passer à cette première phase, indiquant qu'il ne sent pas encore que les opérateurs sont tout à fait prêts. "Nous y travaillons avec l'Association des Salles de Marchés et peut-être avec la CGEM et les chambres de commerce si besoin pour préparer les entreprises".