Avec MAP
Les réformes paramétriques proposées pour les régimes de retraite sont "insuffisantes" malgré leur caractère "nécessaire et urgent", a souligné, mercredi à Rabat, le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou.
Jettou, qui présentait devant les deux chambres de parlement les activités de la Cour des comptes au titre de l'année 2014, a précisé que les réformes ne peuvent constituer qu’une étape préliminaire dans le cadre d’une réforme globale des systèmes de retraite, notant que ces réformes, déclinées dans les projets de loi adoptés par le gouvernement et soumis au parlement, demeurent insuffisantes en dépit de leur nécessité.
Dans ce cadre, il a relevé que l’insuffisance de ces réformes s’explique par le fait que cette réforme paramétrique proposée n’englobe pas l’ensemble des régimes de retraites, mais elle se limite au volet civil de la Caisse marocaine de retraite (CMR), ne contribuant ainsi pas à favoriser un rapprochement entre les régimes de retraites même au sein du secteur public, ainsi que par le fait que la réforme paramétrique permettra seulement de réduire le déficit actuel dans la mesure où les cotisations resteront insuffisantes pour couvrir les engagements et payer les pensions. Ce déficit persistera et s'inscrira sur un trend haussier durant les années à venir, a dit le Premier président de la Cour des Comptes, ajoutant que l'aggravation du déficit des régimes de retraite est due essentiellement à la régression du facteur démographique à environ 2,5% seulement des adhérents actifs pour chaque retraité, en raison de la stagnation relative du nombre des adhérents actifs, qui n’a augmenté que de 15% seulement durant les 15 dernières années, ainsi qu'à l'augmentation enregistrée dans les salaires du secteur public, la hausse que connait la promotion et le nombre des cadres parmi les retraités, ce qui provoque une hausse importante de la valeur des pensions.
Les réformes proposées pour les régimes de retraites n’ont pas traité les dispositions relatives à la retraite anticipée, qui permettent à chaque fonctionnaire ou auxiliaire ayant passé 30 ans de service effectif le droit d’obtenir une pension de retraite sans condition, a fait savoir Jettou, indiquant que le taux annuel des retraites anticipées qui ne dépassait pas 1.250 cas durant les neuf dernières années, a brusquement augmenté à plus de 7.500 cas en 2015, dont 85% relèvent du secteur de l’enseignement.
Il aurait été plus judicieux de mettre une règle contraignante pour ne pas procéder à l’apurement des pensions qu’après l’âge légal de retraite comme c’est le cas de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ou d'adopter une réduction adéquate pour préserver la neutralité de l’opération pour le système, a-t-il estimé.
Jettou a appelé dans ce cadre l’ensemble des partenaires à se pencher avec profondeur sur cette problématique et à adopter des réformes de fond proposant des solutions efficientes et efficaces à long et moyen termes à même de préserver le système de retraite et d’améliorer sa pérennité et de réduire ses dettes tout en prenant en compte le pouvoir d’achat des adhérents et des retraités et les conditions de travail des employés et des fonctionnaires.