• Les résultats du secteur technologique coté deviennent plus prévisibles et moins dépendants de l’activité économique.
• Les opérateurs IT cotés composent dans un contexte défavorable (inflation, tensions sur les chaînes d’approvisionnement,…)
Il ne se passe pas un mois sans que l’on entende parler de nouvelles tendances technologiques. IA, paiements électroniques, Big data, produits et solutions IT, digitalisation de l’économie…, sont en effet des tendances lourdes qui mobilisent de gros investissements dans toute l’économie. Une dynamique qui n'est pas prêt de s’interrompre, même en cas de ralentissement conjoncturel. D’autant que tous les secteurs sont aujourd’hui contraints d’investir en technologie pour «survivre».
Il faut dire que la crise sanitaire a été un véritable catalyseur du secteur technologique, en particulier le segment des matériels IT. Sans transition et du jour au lendemain, toutes les entreprises ont dû repenser leur quotidien et leurs activités. Et le secteur technologique a fait montre d’une capacité particulière d'adaptation lors de cette période. Les spécialistes des produits et solutions IT ont vu leurs ventes dopées grâce au confinement et au télétravail. Selon les statistiques du cabinet Canlays, 341 millions de PC ont été vendus en 2021 dans le monde soit une augmentation de 14,6% par rapport à l’année 2020. Cette croissance est enregistrée malgré les nombreux défis logistiques et la pénurie mondiale des composants électroniques qui tend à s’estomper.
Quant à lui, le Maroc a connu une nette croissance de la demande sur les ordinateurs, tout secteur confondu. Les principaux importateurs ont vu leurs ventes augmenter de 34,6% en 2021, soit un TCAM de 9,6% sur la période 2019-2021.
Puis survient la guerre en Ukraine avec son lot de conséquences inflationnistes qui ont laminé le pouvoir d’achat des ménages et donc freiné les ventes dans le segment retail. Une crise qui a aussi créé des tensions en termes d’approvisionnement. D’ailleurs, dans sa communication financière au titre du 2ème trimestre, Disway note une baisse du pouvoir d’achat des ménages, combinée au suréquipement pendant les années de pandémie, ayant conduit à une baisse importante des ventes sur le segment retail.
En Bourse, le segment «matériel informatique» est représenté par deux principaux opérateurs : il s’agit de Disway et la toute nouvelle recrue Disty. Malgré les effets de la crise en Ukraine et les tensions sur les chaînes d'approvisionnement, Disway fait état d’un chiffre d’affaires consolidé en croissance de 5,3% au 2e trimestre (en attendant les semestriels qui donnent plus de détails sur le volet opérationnel et financier).
Plus en détail, le segment Volume (PC fixes et portables, produits d’impression et imagerie…) ressort avec un CA de 379 MDH au T2, en progression de 5,6%. La croissance sur ce segment s’explique principalement par la reprise des demandes et appels d’offres publics en comparaison avec l’année précédente. Le segment Value (stockage, serveur, réseau, sécurité…) a connu une progression moins importante de 1,6% au T2 pour finir sur un CA de 67 MDH. La croissance sur ce segment s’explique par la livraison de projets importants initiés lors des précédents trimestres.
De son côté, Disty, première PME à s’introduire sur le nouveau marché alternatif- dispensée de la publication des trimestriels-, s’attend à un premier semestre meilleur que celui de 2021. Lors de la conférence de presse suivant l’IPO, Younès El Himdy, PDG de la boîte, nous avait indiqué que «la croissance que nous constatons à fin juin 2022 est bien plus importante que l'an dernier en juin. Cela s'explique par une dynamique de la demande qui a continué à croître». De manière plus générale, El Himdy a défendu une tendance haussière de la demande globale sur les nouvelles technologies au Maroc avec une pente minimaliste autour de 7%. «Avec des hypothèses conservatrices et tenant compte des saisonnalités de vente, le 1er semestre 2022 devrait enregistrer un CA en croissance d’environ 15% par rapport au 1er semestre 2021» peut-on lire dans la note d’information.
Notons que le courtier Valoris Securities a souligné dans une note que «malgré le caractère exceptionnel de la hausse des ventes entre 2020 et 2021 (effet Covid : confinement et télétravail), nous pensons que la société pourrait afficher un taux de croissance des ventes nettement supérieur au rythme retenu par le business plan». Même lecture auprès des autres bureaux de recherche de la place.
Pour BMCE Capital Global Research, Disty est un challenger qui a "le vent en poupe". Selon eux, dans les années à venir, l’opérateur devrait capitaliser sur une stratégie de développement bien rodée afin de profiter de l’ensemble des opportunités de développement qu’offre la demande croissante de son marché actuel (une progression de 3% de la demande nationale selon le management), ainsi que conquérir de nouveaux segments à forte valeur ajoutée (visioconférence, cybersécurité, gaming, etc).
Introduite en pleine tempête boursière, Disty qui connaît actuellement une phase de volatilité à l’instar du marché, offre un niveau de rendement élevé (un D/Y de 5,3% contre 2,9% pour le marché en 2021). Avec une moyenne de payout attendu oscillant entre 52% et 66%, elle se positionne ainsi comme une valeur de rendement. Dès septembre 2022, les nouveaux actionnaires devraient bénéficier du dividende au titre de l’exercice 2021.
En plus du rendement, les fondamentaux de la société sont solides. Le chiffre d’affaires enregistre une croissance annuelle moyenne de 4,2%, passant ainsi de 420 MDH en 2019 à 456 MDH en 2021. En 2021, le résultat net s’élève à 18,3 MDH contre 5,7 MDH en 2020, soit une marge nette de 4,0% (vs. 1,4% en 2020).
Il convient de souligner que parmi les points d’attention relevés par les bureaux de recherches, qui étaient unanimes à recommander de souscrire à l’IPO de la tech, figurent les projections (conservatrices) en termes de croissance du chiffre d’affaires sur la période du business plan qui tablent sur une moyenne de croissance des ventes de 25 MDH par an. Or, l’entreprise a réalisé presque le double de cette croissance entre 2020 et 2021.
Aussi, l'endettement élément central pour les opérateurs dans ce secteur, a baissé (en moyenne annuelle) de 41,6% sur la période 2019- 2021 pour se situer à 56,4 MDH. Enfin, sur un autre volet, les analystes expliquent que les ressources financières à disposition de Disty devraient lui permettre d’améliorer son résultat financier sur le court & moyen terme (augmentation de capital de 62 MDH).
Quoiqu’il en soit que ce soit pour Disway, Disty ou pour les autres entreprises du secteur, les semestriels seront l’occasion pour les investisseurs d’y voir plus clair sur les volets opérationnel et financier et d’apporter plus de précisions sur les perspectives de croissance à court / moyen terme.