Jeudi 16 Aout 2018

Flexbilité du Dirham : Plusieurs réformes nécessaires avant une deuxième étape

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Le Maroc a réussi à maintenir sa monnaie stable depuis l'introduction d'un système de change plus flexible, mais des réformes plus larges sont nécessaires avant de franchir une nouvelle étape dans la libéralisation, ont récemment déclaré à Reuters les banquiers de la place.   

Interrogés par l’agence Reuters, des banquiers marocains, le Haut-Commissaire au Plan ainsi que quelques économistes, ont tous estimé que le Maroc doit d'abord entreprendre des réformes plus larges pour rendre son économie plus compétitive avant de penser à une seconde phase de flexibilisation du Dirham. Pour eux, les investissements étrangers ainsi que l’industrie locale ont besoin d’un meilleur système d’enseignement public pour produire une main-d’œuvre qualifiée. En face, des règles plus souples sur l'importation de technologies et de matières premières sont tout aussi nécessaires, rapporte Reuters.  

Pour Ahmed Lahlmi, "La réforme du régime de change devrait être l'aboutissement d'autres réformes". Non sans préciser que "Nous devons d'abord réformer le système éducatif, lutter contre la corruption et améliorer la gestion de l'économie nationale."  

"Changer le régime de change est égal à une réforme constitutionnelle au niveau politique", a affirmé Rachid Aourraz, économiste de l'Institut marocain indépendant d'analyse politique.  

 

“Le Dirham n’a pas encore été testé” 

Alors que le dirham a été stable durant la première moitié de l’année, les perspectives économiques ont été affectées par la hausse des prix du pétrole et par une campagne de boycott. Ainsi, sur les six premiers mois de l’année, les IDE ont reculé de 33,1%, à 10,071 milliards de dirhams. Sur le marché actions, la capitalisation a chuté d’environ 5% à 595,7 milliards de dirhams depuis janvier, affecté par une vente massive des marchés émergents.  

Les banquiers ont donc déclaré qu'il était prématuré de parler d'une deuxième étape car le dirham avait bénéficié de facteurs externes favorables et n'avait pas encore été testé. En clair, la devise nationale a bénéficié des importations de blé inférieures aux prévisions, des transferts de fonds importants des Marocains résidents à l'étranger et des recettes touristiques qui ont augmenté les réserves de change de 9 Mds de dirhams en glissement annuel à 225,2 milliards de dirhams le 8 août.  

"Le tourisme et les transferts de fonds ne sont pas des sources fiables pour les devises fortes, car ils sont vulnérables aux chocs extérieurs", explique Aourraz. D'autant plus que "La nouvelle génération de Marocains vivant à l'étranger, principalement en Europe, n'est pas aussi attachée au pays que leurs parents." 

 

Quelles mesures entreprendre?  

Assouplir les règles administratives pour l'import de marchandises serait essentiel pour les entreprises, lesquelles ont parfois du mal à ajuster leurs plans si les conditions du marché changent rapidement, ont fait savoir les banquiers intérrogés.  

"Ce n'est pas la réforme des changes qui apportera de nouveaux investissements, mais plutôt des mesures liées à la réglementation", a déclaré un autre banquier. Comme d'autres, il a requis l’anonymat vu la sensibilité du sujet.   

Lors de sa dernière conférence de presse régulière en juin, le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a déclaré que le marché montrait "une bonne compréhension de la réforme" et qu'il existait un équilibre entre la demande et l'offre sur le marché des changes interbancaire. 

 

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