Les analystes de Fitch Solutions estiment que Bank Al-Maghrib maintiendra son taux directeur inchangé à 3% en 2024 pour deux bonnes raisons
Le pivot monétaire de Bank Al-Maghrib espéré par quelques financiers en 2024 devra encore attendre à en croire les analystes de Fitch Solutions pour qui la Banque maintiendra son taux directeur à 3%.
La première raison avancée par FS est que malgré une décélération continue de l'inflation au premier trimestre 2024, les réformes des subventions en avril 2024 (y compris la suppression progressive des dépenses de subvention pour le gaz butane notamment) entraîneront une hausse modérée des prix intérieurs au-delà du trimestre.
Pour eux, cette remontée maintiendra l'inflation persistante en 2024, mais sera insuffisante pour inciter à un changement de posture monétaire. BAM sera également à l'aise avec une inflation légèrement supérieure à son objectif implicite de 2% car elle cherche à soutenir la croissance suite au tremblement de terre d'Al Haouz en septembre 2023.
Deuxièmement, «nous pensons que BAM s'abstiendra de réduire son taux directeur étant donné le différentiel de taux d'intérêt négatif avec la Banque centrale européenne (BCE). Actuellement, ce différentiel est à moins 100 points de base (pb), le plus négatif depuis la création de la BCE».
Bien que le Maroc ait mis en œuvre des mesures pour améliorer la flexibilité des flux de capitaux et ait introduit des changements dans son régime de taux de change en 2018 et 2020, permettant à BAM une plus grande latitude pour maintenir un différentiel de taux d'intérêt négatif avec la BCE, Fitch pense que BAM cherchera à aligner son taux directeur avec celui de la BCE à moyen terme. Ceci afin de maintenir son cadre de gestion de la monnaie, puisque le dirham marocain est arrimé à un panier de devises composé à 40% de USD et 60% d'EUR (avec une marge de fluctuation de 5%).
«Notre équipe européenne anticipe une réduction de 50 pb du taux directeur de la BCE en 2024, mais même avec cet ajustement, l'écart entre le taux directeur du Maroc et celui de la BCE restera négatif tout au long de l'année», précise-t-on.
Cela dit, de nouvelles surprises à la baisse de l'inflation, possiblement résultant d'une production agricole meilleure que prévu qui pèserait sur les prix alimentaires domestiques, posent un risque baissier pour notre prévision de taux d'intérêt.