Mercredi 26 Mai 2021

Financement du nouveau modèle de développement: l'incontournable marché des capitaux

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                 Le nouveau modèle de développement, présenté le 25 mai au Roi Mohammed VI, requiert la mobilisation de ressources financières conséquentes pour son amorçage et sa mise en œuvre. L'endettement, à travers notamment le marché des capitaux, sera un passage obligé pour financer ce projet ambitieux. La commission n'hésite pas à suggérer un recours accru à l’endettement à court terme, ce qui interroge sur la soutenabilité des taux bas. Mais d'un autre côté, le rapport général de la commission fait la part belle aux autres sources de financement (Fonds Mohammed VI, marché boursier, dividendes des EEP et autres PPP...), ce qui peut rassurer les investisseurs car  ce sont autant d'éléments qui vont soulager le recours à la dette. En face, la commission fait l'hypothèse d'une croissance de 6% en moyenne à partir de 2025 et de 7% à partir de 2030. De quoi soutenir n'importe quelle politique budgétaire. Tour d'horizon. 

 

 

des financements publics additionnels de l’ordre de 4% du PIB en phase d'amorçage...

Selon les évaluations préliminaires, il est estimé que les réformes et projets proposés dans le NMD nécessitent des financements publics additionnels de l’ordre de 4% du PIB annuellement en phase d’amorçage (2022-2025) et de l’ordre de 10% du PIB en rythme de croisière à l’horizon 2030. Le rapport général du NMD précise que sa réussite requiert comme préalable une stratégie adéquate de financement. Et pour attirer les investisseurs, la Commission considère que les réformes transformationnelles proposées vont générer de la croissance et un retour sur investissement conséquent et permettront d’assurer à terme la soutenabilité financière du modèle, en particulier si elles sont dûment séquencées. 

 

....Pour atteindre de nouveaux paliers de croissance.... 

Ainsi, les chantiers principaux du NMD, du fait de leur portée transformationnelle favoriseraient la transition vers un nouveau palier de croissance annuelle du PIB pouvant s’établir à 6% en moyenne à partir de 2025 et à 7% à partir de 2030. La dynamique économique positive qui serait obtenue par un séquencement adéquat des réformes et projets, commençant par les plus structurants et ceux à plus fort impact économique, permettra un redressement des recettes fiscales, qui contribuerait à alléger à terme les besoins de financement de l’Etat et à restaurer, in fine, la soutenabilité des finances publiques. Le rendement attendu du NMD justifie dès lors une stratégie de financement volontariste, qui aborde ces dépenses additionnelles comme des investissements dans l’avenir  avec une perspective de moyen long terme, qui tient compte de l’effet dynamique potentiellement généré par le NMD vers un cercle vertueux de croissance, et qui assure l’allocation de ressources nécessaires pour l’amorçage des chantiers structurants du nouveau modèle et pour l’ouverture d’une nouvelle phase d’essor. 

 

 

....Qui nécessitent à leur tour des financements importants....

 Cette stratégie prend appui sur cinq leviers structurants, faisant appel au financement public et privé, qui visent à amorcer les grands chantiers du NMD, et qui devront être actionnés de manière concomitante : 

 

• Une politique budgétaire alignée aux objectifs du NMD, actant les réallocations nécessaires au financement de ses chantiers transformateurs. Cela passe notamment par une priorisation de l’allocation des ressources vers le capital humain, par la réorientation des charges de compensation vers les mécanismes de protection sociale intégrés et le RSU et par la rationalisation des transferts aux EEP et l’accroissement de leurs dividendes, moyennant leur réforme et le relèvement de leur performance. 

 

 • Une politique budgétaire agile, qui s’inscrit dans la dynamique de moyen-long terme que requiert tout modèle de développement. Un recours accru à l’endettement à court terme est incontournable, et devrait être utilisé pour financer de manière ciblée les projets et chantiers porteurs de développement structurel et de croissance à moyenlong terme, notamment dans le capital humain et la transformation structurelle de l’économie. Cette approche rend nécessaire de rompre, du moins momentanément, avec les règles macroéconomiques contraignantes, tout en veillant à la soutenabilité financière à moyen-long terme nécessaire au maintien de la confiance des acteurs économiques. 

 

Le recours à l’endettement pourra s’appuyer sur les opportunités offertes sur le marché des capitaux, le recours aux opérations de gestion active de la dette ainsi que sur les opportunités de financements concessionnels et la panoplie de mécanismes de financement disponibles dans le cadre des partenariats internationaux

 

• Une politique fiscale plus efficace, à même de permettre la mobilisation de ressources supplémentaires, dont le potentiel est estimé entre 2 et 3% du PIB. 

 

• Une amorce rapide de la transformation structurelle de l’économie, à même de générer des ressources à moyen-terme permettant la soutenabilité du modèle, et faisant appel à un rôle accru des EEP et du secteur privé national et international. La génération d’une croissance forte, plus riche en emplois de qualité dynamisant la demande interne, ne pourra se faire sans l’engagement rapide de la diversification de l’économie et l’accroissement de sa capacité à saisir tous les gisements de croissance. 

 

Dans le cadre de cette stratégie de financement, la soutenabilité est assurée par la dynamique de croissance qui génère des ressources fiscales additionnelles et permet d’affecter prioritairement ces ressources aux chantiers du capital humain et de l’inclusion, dont les besoins en financement seront croissants à l’horizon du NMD. 

 

Cette transformation structurelle appelle à l’activation rapide de la stratégie de diversification prônée par le NMD, ainsi que des instruments à fort effet de levier sur l’investissement productif privé, tels que ceux prévus dans le cadre du Fonds Mohammed VI. Elle appelle également à une forte mobilisation des EEP, notamment ceux opérant dans les secteurs stratégiques, avec un rôle de locomotives économiques et de dynamisation des écosystèmes territoriaux, et ce suivant les recommandations du NMD relatives à la politique actionnariale de l’Etat et à la réforme de certains secteurs clés (énergie, eau, numérique, logistique, etc.). 

 

 

Mobiliser l'épargne privée

 L’augmentation de l’investissement privé requiert la diversification des mécanismes et des systèmes de financement, à travers une offre de financement bancaire compétitive, un marché boursier dynamique et attractif aux normes de régulation alignées sur les meilleurs standards internationaux, et le recours à des financements innovants, la mobilisation efficiente de l’épargne institutionnelle et son déploiement en faveur des financements de long terme du NMD, moyennant l’adaptation du cadre réglementaire régissant les caisses de retraites et de protection sociale et les assurances ainsi que la restructuration des EEP à caractère financier, le développement de partenariats public-privé et de montages financiers innovants pour le financement de projets, à travers notamment l’ouverture à l’investissement privé de certains secteurs, la mise en place d’un cadre de régulation aux standards internationaux, et la préparation d’un pipeline de projets bancables et, enfin, un renforcement de la capacité d’attraction des IDE. 

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