L'économie structurée et le système de création de valeur et de croissance ont permis au Maroc de faire face aux crises successives, a affirmé, jeudi à Casablanca, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui.
Face aux multiples crises qui frappent l’économie mondiale, la politique fiscale a constitué une réponse, a souligné Fettah qui intervenait lors d’une conférence organisée sous le thème "Inflation, croissance, contraintes sociales…Comment sera l’année 2023 ?" par "La Vie éco" dans le cadre de son cycle de débats économiques.
Évoquant l’uniformisation de la base fiscale des sociétés ayant obtenu le statut CFC, la ministre a précisé que cette mesure répond aux normes internationales en matière de gouvernance fiscale, notant que les taux d’impositions fiscales demeurent raisonnables, et que toutes les entreprises devront faire preuve de responsabilité, payer leurs impôts et créer de la valeur pour que l’économie puisse surmonter cette période difficile.
Dans ce sens, Fettah a fait part de la volonté de son département d’élargir l'assiette pour préserver les finances publiques tout en œuvrant pour réduire la pression fiscale.
"Outre les investissements productifs au niveau financier, il y a des investissements avec des impacts à moyen terme qui font partie des choix stratégiques de l’Etat notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation", a fait valoir la ministre, exhortant les opérateurs du secteur privé à envisager des investissement dans ces domaines qui affectent de nombreuses dimensions du développement.
Pour sa part, Mehdi El Fakir, économiste spécialisé dans l’évaluation des politiques publiques, a relevé que la stratégie du Maroc visant à réaliser l’indépendance vis à vis des institutions financières internationales est très louable et constitue un point fort de sa souveraineté économique, ajoutant que la fiscalité devrait avant tout permettre le financement des chantiers entrepris par l’Etat.
Pour sa part, le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mehdi Tazi, a indiqué que la série de mesures de soutien mise en place par le gouvernement marocain a permis de maîtriser le taux d’inflation et de réaliser de nombreux exploits, malgré les chocs cumulés depuis l’année 2020.
Tazi a rappelé que le Royaume a réalisé une bonne performance en termes d’investissement et d’emploi, notamment avec le renforcement des capacités de formation et le développement des compétences dans le domaine des technologies, la création des emplois de qualité dans le secteur des services, et la nouvelle Charte de l'investissement qui vise à inverser la répartition actuelle entre le public et le privé, afin que l'investissement privé, qui représente actuellement un tiers de l'investissement global, atteigne les deux tiers à l'horizon 2035.
"L’économie marocaine est capable de se relancer en 2023, car en dépit du contexte mondial, on a des chantiers structurants, tels que la généralisation de la protection sociale, la réforme fiscale, la réhabilitation du système de santé, la promotion de l’investissement et l’intégration du secteur informel", a-t-il poursuivi, notant que les opérateurs privés sont appelés à investir dans ces projets au même titre que l’Etat afin d’élever le niveau social de l’ensemble des Marocains.
Pour ce qui est de la problématique de l’eau et de l’énergie, Tazi a fait savoir que les projets hydrauliques nécessiteront quelques années et que le Maroc est sur la bonne voie en termes de prévention de risques environnementaux et de réduction des coûts de l’énergie.
De son côté, Moncef Derkaoui, directeur des Études et des prévisions financières, a mis en avant la "résilience confirmée de l’activité économique marocaine", portée par plusieurs secteurs, dont l’agriculture, qui a enregistré une performance remarquable en matière d’exportations agricoles et agro-alimentaires en 2022.
Et d’ajouter que la compagne agricole 2022-2023 a été entamée dans des conditions climatiques difficiles, mais les précipitations intervenues en novembre, décembre et janvier ont permis aux barrages d’enregistrer, le 19 janvier, un taux de remplissages d’environ 31,6%.
La résilience économique du pays a été également portée par le secteur de la pêche qui a connu une évolution globalement favorable en valeur et en volume, la filière de l’énergie qui a enregistré une évolution positive et de la production et de la consommation, le secteur de l’industrie ayant connu un redressement de la valeur ajoutée au T3 de l’année 2022, et le recouvrement remarquable du tourisme, a-t-il conclu.