Dans une note récente, l’équipe de recherche d’AGR s'est attardée sur l'analyse des équilibres budgétaires au Maroc, au titre de l'année 2018. Trois principaux constats sont relevées par les analystes il s'agit de :
Une baisse des revenus : Les recettes ordinaires au S1-18 reculent de 1,3% à 113,4 MMDH, correspondant à un TRO annuel 2018 de 47,9%. Un écart qui se justifie par la baisse de l’Impôt sures Sociétés de 11,6% à 25,5 MMDH et le repli des revenus des monopoles de 29,9% à 3,2 MMDH durant cette même période. Ils indiquent qu’il « est difficile de se prononcer sur les prévisions de clôture 2018 des recettes. Les indicateurs de conjoncture au T3-18 reflètent un contexte économique en demi-teinte peu enclin à renverser la tendance des revenus fiscaux durant le S2-18, principale rubrique des recettes ordinaires du Trésor avec une contribution moyenne de 85,6%. »
Les dépenses ordinaires affichent au S1-18 une hausse régulière de 3,6% à 109,0 MMDH. En effet, la recherche d’AGR ne relève pas « d’écarts significatifs dans les rubriques de dépenses par rapport aux projections de la LF 2018 », ce qui mène vers un TRO semestriel de 50,5%. En effet, l’Exécutif poursuit une discipline budgétaire, à travers une évolution contrôlée de la masse salariale et autres dépenses de fonctionnement.
Pour le S2-18, « nous estimons que la hausse des prix du gaz à l’international (+9% au S1-18) et qui s’est accentuée durant le T3-18 devrait rehausser les dépenses de compensation. Pour l’ensemble de l’année. De même, nous estimons que la cadence soutenue de réalisation des investissements au S1-18 avec un TRO de 52,6% devrait être maintenue pour l’année 2018. », poursuivent-ils.
Rétrospective sur les agrégats budgétaires
Au delà de l’exercice fiscal 2018, les analystes se sont projetés sur l’avenir en s’appuyant sur les principales tendances des finances publiques lors des cinq dernières années.
Ils estiment que l’évolution des recettes fiscales ne s’aligne pas sur la croissance économique. Ceci s’explique principalement par la faible contribution de l’agriculture à l’impôt, la persistance de l’informel, les difficultés de certaines industries (ex. BTP et manufacture) et l’arrivée à maturité de secteurs grands contributeurs à l’IS (ex. finance et télécoms).
Les recettes non fiscales sont fortement liées aux dons extérieurs: Avec l’amenuisement des recettes de privatisation qui ne contribuent qu’à hauteur de 0,5% aux recettes ordinaires durant la période 2012-2017, les recettes non fiscales deviennent volatiles et affichent une dépendance aux dons de l’étranger qui affichent une moyenne annuelle de 10 MMDH.
Une discipline budgétaire qui a porté ses fruits: L’Exécutif a adopté une orthodoxie budgétaire qui a permis un recul de moyen de 1,0% des dépenses ordinaires durant la période 2012-2017. Une stratégie payante mais qui reste à maintenir à l’avenir.
Les économies sur le budget de compensation ont été conséquentes: Avec la réforme de la caisse de compensation, sa charge est passée de 6,5% du PIB en 2012 à 1,4% en 2017. Dans l’attente de l’achèvement de cette réforme, le budget de compensation évoluera au gré des prix des matières premières à l’international, et principalement le cours du gaz.
Au terme de l’étude, les analystes pensent qu’une politique plus expansionniste propice à une croissance plus forte constitue une piste sérieuse de réflexion.