Le seuil des 18.000 points a été franchi en début de semaine, pour la première fois depuis des mois, avant que le marché ne marque une pause et ne referme la semaine presque inchangé.
La semaine avait commencé avec des signaux clairs et un marché décidé. Porté par l’annonce d’une accalmie sur le front commercial sino-américain, le Masi s’est offert une progression nette dès lundi (+1,1 %), poursuivie par une hausse modeste le mardi. En ligne de mire : les 18.000 points, franchis pour la première fois depuis plusieurs mois. Ce niveau technique, qui avait résisté à plusieurs tentatives précédentes, a enfin cédé mais provisoirement.
Car le reste de la semaine a été moins convaincant. Trois séances consécutives dans le rouge ont suffi à effacer les gains engrangés en début de semaine. Résultat : une performance hebdomadaire quasi nulle (+0,04 %), avec une clôture à 17.772 points. Symbolique, mais révélatrice. Le marché avance, mais sans continuité. Il teste, il corrige, sans encore valider de tendance.
En effet, le point de départ de cette impulsion haussière se trouve du côté de Washington et Pékin. Dimanche dernier, les États-Unis ont annoncé une baisse temporaire de leurs droits de douane sur les importations chinoises, de 145% à 30% sur une période de 90 jours. La Chine a répondu dans la foulée, abaissant ses propres droits sur les produits américains à 10%. Une désescalade claire, qui a immédiatement déclenché une réaction positive sur les marchés internationaux. Casablanca a suivi le mouvement, avec un Masi bien orienté en début de semaine. Mais cette détente commerciale, bien que notable, n’a pas suffi à ancrer une dynamique durable. En l’absence de nouveaux catalyseurs, la prudence a repris le dessus.
Dans le détail, les performances sectorielles restent contrastées. L’électricité signe la meilleure progression de la semaine (+8,5%), largement portée par Taqa Morocco, désormais troisième capitalisation du marché. À l’inverse, le secteur de la promotion immobilière recule nettement (-5%), pénalisé notamment par Addoha (-6,28%) et Alliances (-4,92%).
Parmi les meilleures performances individuelles : Jet Contractors s’apprécie de 11,65%, Sonasid de 9,65%, Promopharm de 8,33%, et Risma de près de 6%. À noter que Sonasid, Crédit du Maroc et Delta Holding intégreront l’indice MSCI Frontier Markets le 30 mai prochain. CTM et Fenie Brossette rejoindront pour leur part le MSCI Frontier Small Cap. Des mouvements techniques qui peuvent améliorer la visibilité de ces valeurs auprès des investisseurs internationaux, avec des répercussions possibles sur les volumes et les valorisations.
Plus en profondeur, les projections commencent à dessiner un scénario de marché plus constructif. Dans son dernier rapport Forecast de mai 2025, BMCE Capital Global Research annonce une hausse attendue de près de 30 % des bénéfices des sociétés cotées en 2025, suivie d’un gain plus modéré de 7% en 2026. Ces perspectives sont portées par plusieurs secteurs moteurs : télécoms (avec le retour attendu d’IAM après le règlement de son différend avec inwi), banques, BTP, mais aussi mines et immobilier.
Le PER du Scope 40 devrait reculer à 20,8x en 2025, avant de se stabiliser autour de 19,4x en 2026. Des niveaux considérés comme attractifs en comparaison des moyennes historiques du marché. Sur le plan du rendement, les dividendes suivraient une trajectoire similaire, avec une hausse estimée de +25,7% en 2025. La masse totale versée atteindrait 25,1 milliards de dirhams, pour un rendement global de 3%, contre 2,9% en 2024. Une progression plus modeste en 2026 (+3,5%) est également anticipée.
Enfin, côté flux, la semaine a été plutôt active avec un volume d’échanges dépassant les 2,5 milliards de dirhams, et une capitalisation boursière qui franchit les 931,3 Mds. Le marché semble donc rester bien orienté en toile de fond, malgré une séquence hebdomadaire peu lisible.
À court terme, la cassure, même fugace, du seuil des 18.000 points reste un signal intéressant. Elle montre que le marché ne manque pas de force, mais qu’il attend des arguments supplémentaires pour s’engager plus franchement. Le terrain est préparé, les fondamentaux s’améliorent, reste désormais à voir si l’environnement (local comme international) offre le déclencheur. À suivre!