"Bank Al-Maghrib devrait, selon toute vraisemblance, renouveler en l'état son dispositif d'intervention au niveau du marché monétaire, en gardant inchangés son taux directeur et sa réserve obligatoire à 1,5% et à 0% respectivement", indiquent les analystes de BKGR dans leur dernier "Flash strategy -Preview BAM".
L'économie marocaine poursuit sa reprise après la récession de 6,3% de 2020, année plombée par les effets de la crise sanitaire, souligne BKGR, notant que le maintien d'une politique monétaire accommodante a contribué à appuyer le redressement de l'activité économique, laquelle devrait enregistrer une croissance de l'ordre de 5,3% cette année, conformément aux dernières projections de BAM, principalement fondées sur la bonne campagne agricole estimée à plus de 98 millions quintaux. "Le caractère accommodante de la politique monétaire suite à la réduction du taux directeur en 2020 de 75 points de base (Pbs) et à la libération de la réserve obligatoire s'est reflété dans l'évolution des crédits bancaires dont l'encours a augmenté de près de 30 milliards de dirhams (MMDH) pour atteindre 948,4 MMDH à fin mars, comparativement à la même période une année auparavant", relève la même source. Cette progression, poursuit-elle, s'explique notamment par la hausse de l'encours des crédits de trésorerie de 8,1% à 210 MMDH, profitant principalement de la dynamique des mécanismes Damane Oxygène et Damane Relance, dont le volume accordé avoisine 50 MMDH au terme de l'année écoulée.
En revanche, l'encours des crédits d'équipement et celui des crédits consommation ont accusé un repli de 5,3% à 179 MMDH et de 3,1% à 55 MMDH respectivement, deux composantes principales de la demande intérieure, "nécessitent vraisemblablement encore plus de soutien monétaire avant de retrouver leurs niveaux d'avant la crise sanitaire".
La poursuite du soutien à l'économie nationale via la sphère monétaire se justifie également, d’après BKGR, par l'évolution de l'inflation "demeurant jusqu'ici, sous contrôle" avec une hausse des prix limitée à 0,7% sur les trois premiers mois de 2021, estimant que celle-ci devrait, toutefois, s’accélérer durant les prochains mois sous l'effet de la reprise des prix des matières premières et des hydrocarbures à l'international.
Au volet financement du Trésor, la société de recherche indique que la politique monétaire mise en place par la Banque centrale a également permis à l'Argentier du Royaume de se financer à des conditions plus avantageuses sur le marché intérieur dans le sillage de la baisse des taux primaires.
"Depuis la première baisse du taux directeur en 2020, le coût du financement du Trésor s'est nettement amélioré avec des baisses des taux obligataires allant de 30 pbs à 88 pbs, ce qui a permis à l'Argentier du Royaume de répondre à ses besoins au niveau du marché domestique sans difficulté. Évolution qui, aujourd'hui, semble se stabiliser", conclut BKGR.