L’analyse fait ressortir trois points clés :
1. Pression haussière sur les taux écartée
Avec cette nouvelle émission d’environ 27 Mds de DH, le Trésor devrait largement financer ses besoins d’ici la fin de l’année. En effet, cette opération constitue “un matelas confortable pour débuter l’année 2021 sans grande pression”. Plus en détails, le plafond des financements extérieurs est fixé par la LFR 20 à 60 Mds de DH, alors que le reliquat à fin octobre s’établit à 27,8 Mds de DH.
“Nous anticipons une inversion de la récente tendance haussière des taux induite par le recours massif du Trésor au marché intérieur durant la période préEurobond. Rappelons que sur le seul mois de novembre, le Trésor a levé plus de 23,0 Mds de DH face à un besoin annoncé de 15,3 Mds de DH”, écrivent les analystes.
2. Confiance des bailleurs de fonds internationaux
Bien que la notation souveraine du Maroc ait été dégradée par Fitch Ratings en octobre 2020, le Royaume a bénéficié de conditions avantageuses par rapport à la devise d’émission.
"Une prime de risque inférieure à celle de la dernière sortie en septembre. À titre indicatif, le spread de la maturité 12 ans s’établit à 200 PBS pour l’Eurobond libellé en dollar, soit 40 PBS en dessous de celui opéré en euro. Néanmoins, tenant compte d’un écart de rendement positif de plus de 150 PBS entre les obligations européennes et américaines durant l’année 2020, les taux d’intérêts seraient naturellement plus élevés pour cette récente émission en dollar”, explique-t-on dans la note.
Et de préciser: “le spread moyen de cette dernière sortie s’établit autour des 240 PBS. Un niveau inférieur à la prime de risque moyenne exigée par les investisseurs à l’égard des pays émergents, soit plus de 330 PBS actuellement”.
3. Un double impact positif, sur les finances publiques et les réserves de changes
Les retombées positives de cette dernière levée vont au-delà de l’atténuation des pressions sur les finances publiques. Contrairement à l’émission effectuée en septembre, cet Eurobond permettrait une nette amélioration des réserves de change du Royaume. Celles-ci devraient dépasser les 310 Mds de DH en 2020 (un niveau record) tenant compte du tirage de LPL d’un montant similaire en avril dernier. Ainsi, le Maroc rehausse sa résilience face aux éventuels chocs exogènes supplémentaires sur sa balance des paiements.
Au final, “tenant compte de cette nouvelle donne, le scénario d’une baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib en décembre 2020 devient aujourd’hui moins probable”, explique AGR.