Le mémorandum adressé récemment par la Banque centrale, la CGEM et le GPBM au chef de gouvernement sur la «grave» situation économique du pays est-il dénué de toute arrière-pensée politique ? Autrement dit, le patronat, Bank Al-Maghrib et les banques n’ont-ils pas tendance, à deux mois des élections, à noircir le tableau des réalisations économiques du gouvernement Benkirane pour lui savonner la planche ? "Jamais de la vie !", s’insurge le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui, dans un rare moment de colère, a vivement réagi à ces insinuations lundi à Rabat lors d’une conférence de presse.
Un "faux procès"
«J’ai connu quatre Premiers ministres et chefs de gouvernement différents : Youssoufi, Jettou, El Fassi et Benkirane, et jamais la Banque centrale n’a changé sa méthode de travail, ni eu de calculs politiques. Nous œuvrons seulement pour l’intérêt du pays», a-t-il notamment déclaré. Pour le gouverneur de la Banque centrale, visiblement blessé par ces allégations, c’est un faux procès qu’on lui fait et il n’hésite pas à jurer pour convaincre que son action est dénuée de tout calcul politique. «Inna Baada danni itm», lance-t-il à l’assistance.
Selon Jouahri, cette initiative du mémorandum, dont le contenu exact n’a pas encore filtré, vise avant tout à alerter le gouvernement sur les difficultés que traverse notre économie, symbolisées, entre autres, par le ralentissement des crédits à l’économie.
Le timing est-il opportun ? «Nous travaillons sur ces questions depuis 2013. Ce n’est pas parce qu'il y a les élections que l’on doit se taire et ne rien faire», répond Jouahri. Il assure par ailleurs qu’une rencontre avec les équipes du chef de gouvernement aura lieu prochainement pour débattre des différentes questions abordées dans le mémorandum.