La 23ème Conférence de l’AMEDA (African and Middle East Association) a entamé ses travaux mercredi à Tanger. Jusqu'au 6 mai, les participants à cette rencontre auront des échanges autour de sujets d’actualité concernant l’activité des dépositaires centraux d’Afrique et du Moyen-Orient. Mohamed Abdel Salam, président de l’AMEDA et président du dépositaire central égyptien MCDR (Misr for Central Clearing, Depository and Registry), a tenu d'ailleurs à rappeler la nécessité d'une coopération accrue entre les membres et d'aller vers davantage d'intégration régionale pour relever les défis de demain. Et ils sont nombreux : cybercriminilaté, risk management, standardisation, évolutions technologiques, blockchain ... qui ont été autant de sujets brûlants débattus et discutés durant la première journée des travaux de l'AMEDA dans la perle du Détroit.
Blockchain par-ci, Blockchain par-là
Dans les couloirs de la Conférence de l'AMEDA, le mot blockchain est sur toutes les lèvres. Tasse de café à la main, les participants ne parlent que de ça. L'un d'eux nous lance : "On sait que c'est l'avenir, mais on ne sait pas où ça va nous mener". Mais le Blockchain c'est quoi au juste ?
En français, Blockchain veut dire chaînes de blocs ( c'est nettement moins attirant). Le blockchain est un système de base de données distribuée qui permet de rendre infalsifiable l’historique des transactions. Avec un système centralisé, les transactions sont enregistrées dans un livre de comptes détenu par un tiers (exemple : Maroclear) sur lequel repose la confiance des utilisateurs. Avec un système décentralisé, le livre de comptes est détenu par l’ensemble des utilisateurs, ce qui le rend impossible à falsifier, et qui permet de se passer d’un tiers en charge de la validation et de l’historique des transactions. Disparition des dépositaires centraux ? Peut-être. Pour l'instant, les blockchains sont associés au secteur bancaire et aux crypto-monnaies (le Bitcoin par exemple). Mais leur utilisation peut être étendue à d'autres secteurs.
Illustration. South Africa's Central Securities Depository. 23ème Conférence de l’AMEDA
Les marchés financiers constituent le terrain d’expérimentation naturel de la blockchain. Les régulateurs ne s’y trompent pas. Ainsi par exemple, lors du dernier sommet du G20, le Forum de Stabilité Financière a décidé de suivre de près cette technologie et l’utilisation que pourraient en faire les marchés financiers. Début mars 2016, quarante des plus grandes banques du monde, parmi lesquelles HSBC, Citigroup et BNP Paribas, ont formé un consortium, la société R3 CEV, qui teste notamment un nouveau système de transactions obligataires utilisant la technologie Blockchain. La suite logique de ce test est de développer cette technologie pour les opérations de règlement-livraison, celles opérées par les dépositaires centraux. Les économies à réaliser semblent particulièrement importantes dans les opérations de règlement-livraison, où la mise en œuvre semble également la plus rapide.
Ce qui reste à gérer
Il faut l'avouer, les dépositaires centraux ne voient pas le Blockchain comme un risque, mais plutôt comme un train en marche qu'il faut absolument rattraper, surtout qu'il n'a pas encore quitté la gare. Mais trois questions restent posées pour intégrer cette technologie. Premièrement, il faudra s'outiller pour mieux gérer, en temps réel, la supervision, l'audit et la transparence des données. Ensuite, il faut s'assurer de la stabilité de la technologie. Surtout que les modèles utilisés actuellement sont réputés stables. Pour les remplacer, les dépositaires centraux ont besoin de garanties. Enfin, puisque le système est complètement décentralisé, il faut que le réseau soit bien connu et les permissions d'utilisateurs bien délimitées.
