Après un recul notable en 2022, les sociétés de gestion ont bénéficié d'un retour en force des investisseurs en 2023. De manière globale, les souscriptions nettes ont atteint 70 milliards de dirhams à fin novembre, le segment des obligations à court terme suscitant le plus d'intérêt.
L'année 2023 a aussi été témoin d'une nouvelle dynamique d'affaires avec des gestionnaires indépendants (non affiliés à des banques ou à des institutions financières) accroissant notablement leurs parts de marché.
Bien que la comparaison des encours entre le 1er janvier et le 31 décembre puisse être influencée par les ajustements de fin d’année, l’examen des encours moyens annuels sous gestion offre une perspective plus fidèle sur la performance réelle des opérateurs.
Ainsi, parmi les six opérateurs ayant significativement accru leurs encours moyens sous gestion en 2023, cinq sont indépendants, selon nos calculs. C'est le cas notamment pour AFG AM, qui a doublé ses encours en un an, atteignant 8,4 milliards, Atlas Capital qui est passé de 3,4 à 5,8 milliards (+70%), AD Capital avec une hausse de 60% à 8,1 milliards, Wineo Gestion qui a évolué de 2,9 à 3,8 milliards (+31%) et Red Med AM qui a connu une croissance de 21% à 11,8 milliards de dirhams.
Chez les opérateurs rattachés aux banques, la plus remarquable performance revient à Sogécapital Gestion qui a géré en moyenne 30 milliards de dirhams d'actifs en 2023, contre 25 milliards l’année précédente.
Intensification de la concurrence et élargissement de l’offre
L'environnement commercial des gestionnaires d'actifs en 2023 a mis en évidence une concurrence accrue, de plus en plus prononcée à mesure que les acteurs indépendants se dotent de professionnels expérimentés et renforcent leurs équipes avec des profils prestigieux provenant de grandes firmes. Leur offre, de plus en plus variée, englobe maintenant une palette élargie de services incluant le private equity, les OPCI, ainsi qu'une gestion sous mandat plus sophistiquée, captant l'intérêt croissant de clients institutionnels et de particuliers à forte capacité financière.
Le secteur est à un tournant de son histoire
Ce secteur, qui a déjà trois décennies d'existence, possède un potentiel de croissance important. Ces défis sont nombreux et incluent l'approfondissement du marché, la démocratisation de l'accès aux investisseurs individuels et la prise en compte de la digitalisation. Les questions de commercialisation, de durabilité et de transition verte sont également sur l'agenda du secteur alors qu'une nouvelle loi sur les OPCVM est toujours dans les cartons et pourrait accélérer le développement des opérateurs au Maroc comme à l'étranger.
La nouvelle législation introduira plusieurs innovations, comme les OPCVM cotés en Bourse ou ETFs, qui offrent des avantages en termes de coût et de liquidité. Elle permettra également la création d'OPCVM en devises et d'OPCVM de finance participative, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux marchés et investisseurs.
Le cadre réglementaire sera aussi enrichi par des OPCVM à règles de fonctionnement allégées, destinés aux investisseurs professionnels qualifiés et adaptés à leur appétence au risque.
Selon les opérateurs du secteur, cette nouvelle loi est en phase finale et se trouve actuellement au Secrétariat général du gouvernement (SGG), où elle est en stade avancé de discussions. Son adoption est attendue dans les mois à venir (Sic !).