L'Inde et le Pakistan se sont bombardés mercredi, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et 8 côté indien, la confrontation militaire la plus grave entre les deux pays depuis deux décennies.
L’Asie du Sud s’embrase. Dans un climat international déjà tendu par les rivalités économiques entre grandes puissances, l’Inde et le Pakistan ont connu mercredi leur plus grave affrontement militaire depuis plus de vingt ans. Une série de frappes aériennes, d’échanges de tirs d’artillerie et de représailles a fait au moins 34 morts et des dizaines de blessés, sur fond d’accusations croisées liées au terrorisme.
Le 22 avril, une attaque revendiquée par aucun groupe armé mais attribuée par New Delhi au mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba a coûté la vie à 26 militaires indiens dans le district de Pahalgam, au Cachemire. Pour l’Inde, la responsabilité d’Islamabad est évidente. Le Pakistan, de son côté, dément toute implication.
Après plusieurs jours de tension diplomatique, les représailles indiennes sont intervenues dans la nuit de mardi à mercredi. Des missiles ont visé des camps présumés de groupes armés sur le sol pakistanais. Selon l’armée indienne, neuf camps terroristes ont été détruits, notamment à Bahawalpur, Mouridke et Kotli.
La riposte pakistanaise n’a pas tardé. Des tirs d’artillerie ont visé plusieurs positions militaires et civiles indiennes, notamment dans le secteur de Poonch, où huit personnes ont trouvé la mort. L’armée pakistanaise affirme avoir abattu cinq avions de chasse indiens, tandis que New Delhi reconnaît la perte de trois appareils dont un Mirage 2000. Le sort des pilotes reste inconnu.
Au total, au moins 26 civils pakistanais et huit Indiens ont été tués, selon des bilans provisoires. Le barrage hydroélectrique de Neelum-Jhelum aurait également été endommagé par les frappes.
La confrontation ravive les souvenirs de la crise de 2019, lorsque New Delhi avait déjà mené une opération en territoire pakistanais après un attentat suicide à Pulwama. Mais selon l’International Crisis Group, l’escalade actuelle est d’une intensité supérieure, avec des risques accrus en raison de la présence d’armes nucléaires dans les deux pays.
Les appels au calme se multiplient. Les États-Unis, via leur secrétaire d’État Marco Rubio, ont exhorté les deux parties à “désamorcer la situation”. La Chine et la France appellent également à la retenue.
En parallèle du conflit militaire, New Delhi a annoncé mardi la suspension de sa participation au traité de l’Indus, signé en 1960 sous l’égide de la Banque mondiale. Ce traité régit le partage des eaux entre les deux voisins. Le Premier ministre Narendra Modi a menacé de “rediriger l’eau pour les besoins de l’Inde”, ce qui a été perçu à Islamabad comme une déclaration de guerre hydrique.
Le Pakistan accuse déjà l’Inde de modifier le débit du fleuve Chenab. Des tensions qui pourraient encore aggraver une situation explosive.
Dès le lendemain de l'attentat, l'Inde avait suspendu sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec son voisin.
Mardi, le Pakistan avait accusé l'Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l'un des trois placés sous son contrôle selon le traité dit de l'Indus.