Mohamed Benchaaboun annonce la préparation d'un fonds de dette subordonnée pour accompagner la stratégie du Fonds Mohammed VI. Il révèle sa vision globale pour le Private Equity lors des réunions annuelles de capital-investissement organisées par l'AMIC.
Intervention très attendue du Directeur général Fonds Mohammed VI pour l'investissement, Mohamed Benchaaboun, lors de la grand-messe des capital-investisseurs ce 31 mai à Casablanca. Devant une salle comble pour les réunions annuelles de l'AMIC, il est revenu sur les objectifs du fonds, son fonctionnement, ce qui est attendu des sociétés de gestion qui vont l'accompagner, ainsi que son agenda.
Le Fonds Mohammed VI devrait donner un nouveau coup de fouet à l'industrie du Private Equity. Ce fonds de fonds va s'appuyer sur les sociétés de gestion de capital-Investissement pour jouer son rôle initial tel que défini par le souverain au moment de son annonce où, pour rappel, à la sortie de la pandémie, le Roi avait dans un discours indiqué que le plan de relance économique du Royaume repose sur le fonds d'investissement stratégique Mohammed VI.
Ce fonds va intervenir pour doter les secteurs productifs d'un soutien financier dans le cadre de partenariats publics-privés.
Mohamed Benchaaboun a rappelé que le fonds a lancé les appels à manifestation d'intérêt pour sélectionner des SDG durant le mois de mai. Ces dernières auront jusqu'au 13 juillet 2023 pour présenter leurs dossiers.
«Le fonds souverain proposera des mécanismes de financement variés et innovants. Ils seront adaptés aux besoins de développement des entreprises au Maroc et à l'international, pour accélérer la transition vers une économie durable...», a-t-il souligné.
Le fonds pourrait intervenir également de manière directe, sans passer par des SDG, bien que son Directeur général souligne que cela n'est pas une obligation.
Les interventions directes
Les interventions directes se feront en deux niveaux. D'abord en amont, dans la préparation des projets pour s'assurer de leur viabilité économique et, plus tard, en participant au tour de table ou en participant au financement. L'intervention du fonds au capital des sociétés a plusieurs objectifs. D'abord pour accompagner des secteurs qui ont un caractère stratégique pour l'Etat. Le deuxième objectif est de réduire la perception de risque liée à certains projets à travers l'intervention du fonds souverain aux côtés du privé.
Les interventions indirectes
Dans ses interventions indirectes, le fonds sera beaucoup plus regardant sur ce que font les SDG. «L'un des principaux objectifs du fonds est de contribuer à l'émergence d'une industrie du capital-investissement plus robuste. L'impact sur l'économie doit être beaucoup plus perceptible. Pour cela, les SDG doivent évoluer significativement sur certains sujets, notamment sur les fonds levés. Mais également en matière d'expertise et de gouvernance», a-t-il averti les prochains adjudicataires.
«Le relèvement des capacités de gestion des SDG est un prérequis pour renforcer la crédibilité auprès des investisseurs, qui est le préalable à la levée de fonds conséquents», a-t-il souligné.
Le fonds entend financer jusqu'à 150 Mds de dirhams de projets sur les 5 années à venir. Les sociétés de gestion qui seront présélectionnées, se feront accompagner par le fonds dans la limite d'un tiers des capacités prévues pour chaque fonds.
«Il s'agit là d'un premier appel d'offres du fonds qui concerne l'ensemble des domaines d'intervention du Private Equity, à l'exception des startups et de l'infrastructure. Ces deux domaines feront l'objet d'une structuration séparée, de par leurs spécificités», a précisé Mohamed Benchaaboun.
Le fonds envisage de structurer un nouveau produit : Un fonds de dette
Ce produit sera proposé aux entreprises de manière jumelée avec la dette bancaire classique sur une durée plus longue que la dette senior, et ce, dans le but d'inciter les entreprises à réaliser leurs investissements tout en levant la contrainte d'apport en fonds propres généralement exigée par le système bancaire.
«Ce produit présente certains avantages pour les entreprises en permettant de renforcer les fonds propres sans être dilutif, et dispose de modalités souples pour sa mise en place avec l'appui du système bancaire», a expliqué Benchaaboun.
«Le succès de ce produit passera par la mobilisation de l'ensemble des acteurs de la place, dont le secteur bancaire qui sera chargé de sa commercialisation, les institutionnels qui seront mobilisés dans le cadre du véhicule qui sera lancé à cet effet, et enfin les SDG, qui seront chargées de gérer ce fonds de dette subordonnée pour le compte du fonds Mohammed VI», a-t-il ajouté.