Les ventes de ciment au Maroc ont connu une dynamique baissière ces dix dernières années après une décennie faste au début des années 2000. En 2023, les volumes se sont stabilisés pour la deuxième année consécutive à 12,5 millions de tonnes avec une évolution moyenne mensuelle de 6,4% l’année écoulée contre -10% en moyenne par mois en 2022. Les lueurs d’une reprise commencent donc à devenir perceptibles. Pour Noufle Aouragh, Responsable Analyse & Recherche chez MSIN, qui intervenait à l’occasion d’une conférence sur les perspectives des sociétés cotées organisée par la Bourse de Casablanca et l’APSB, cette dynamique devrait se poursuivre.
Pour le responsable, le programme de reconstruction sur 5 ans des régions sinistrées par le séisme d’Al Haouz, ainsi que le développement des infrastructures routières, hôtelières et sportives en lien avec l’organisation de la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 au Maroc, sont des relais de croissance pour les deux cimentiers cotés. En outre, la reprise du secteur immobilier à partir de 2024, suite au lancement du nouveau programme d’aide au logement qui s’étalera sur la période 2024-2028, est un autre relais important, les deux tiers des ventes étant catalysés par ce secteur.
Concernant LafargeHolcim Maroc, son activité a affiché une croissance de 2,8% en 2023 et devrait s’accélérer dès l’année 2024 en lien avec l’amélioration de la conjoncture économique. « Pour cette raison, nous prévoyons, sur la période 2024-2028, un taux de croissance annuel moyen de 7,1% de son chiffre d’affaires », explique l’analyste qui table sur un chiffre d’affaires de 9,1 milliards de dirhams en 2024 après 8,2 milliards en 2023.
Parallèlement, le Résultat Net Part du Groupe (RNPG) de LHM serait impacté dans les prochaines années par les nouvelles mesures fiscales proposées dans le cadre de la LF 2023, qui visent à augmenter progressivement l’impôt sur les sociétés à 35% sur une période de 4 ans et à maintenir la contribution sociale de solidarité jusqu’en 2025. Dans ce contexte, les résultats afficheraient une croissance moyenne de 7,4% à horizon 2026 avec un RNPG de 2 milliards de dirhams en 2024 après 1,5 milliard en 2023.
La mise en service de la nouvelle cimenterie à Agadir-Souss, d’une capacité de production de 1,6 million de tonnes par an, permettrait au groupe de poursuivre son développement dans le Sud du Maroc, en plus du développement de l’exportation de clinker et de ciment en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud à travers la filiale LHM Afrique. LHM dispose d’un positionnement affirmé sur les grands chantiers d’infrastructure (les ports, les parcs éoliens, la construction des grands barrages, l’interconnexion des bassins, la construction des tours à CFC, la voie express Tiznit-Dakhla, etc.).
Côté dividendes, Noufle Aouragh prévoit un dividende par action (DPA) de 70 dirhams en 2024 et 2025, avant de passer à 80 dirhams en 2026, représentant des taux de distribution de 81%, 73% et 77% sur les trois prochaines années.
MSIN valorise le titre à 2 171 dirhams et recommande de le conserver avec un cours cible à 8,55%.
Pour sa part, Ciments du Maroc devrait profiter de l’unité de broyage de clinker à Nador, qui viendra renforcer l’élargissement du dispositif du groupe dans la région Nord. L’essor de l’activité export de clinker devrait générer de nouveaux relais de croissance pour le groupe. Sur le marché local, le positionnement du groupe dans la région Sud, ainsi que le développement de l’activité Granulat en lien avec l’extension des principales carrières de granulats à Benslimane et Ouled Abbou et la remise à niveau de la carrière d’Aït Baha et de la station de concassage à Oued Souss, sont autant de relais de croissance.
Dans ce contexte, le chiffre d’affaires devrait connaître un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 5% sur la période 2019-2026, avec un niveau de 4,8 milliards de dirhams en 2024 contre 4,33 milliards en 2023. Le RNPG devrait repasser au-dessus du milliard de dirhams cette année pour atteindre 1,31 milliard en 2026. Le dividende devrait progressivement progresser jusqu’à 90 dirhams par action en 2026, avec un taux de distribution proche des niveaux historiques, autour de 100%.
Pour MSIN, le titre est à conserver avec un cours cible à 1 954 dirhams.