Au cœur d'une conjoncture complexe, le Maroc s'est engagé, dans le cadre de l'élaboration de la Loi de Finances (LF) 2024, à gérer cette complexité en fixant ses priorités, définissant ses limites, et assurant la continuité des réformes, selon Attijari Global Research (AGR).
"Au Maroc, le contexte actuel ne manque de complexité et rend la mission de construction de la LF-2024 particulièrement ardue. Face à cela, le législateur fait preuve de maîtrise de la situation. Il fixe ses priorités, définit ses limites, et assure une continuité du processus de réformes", indique AGR dans son "Research report - Macroeconomy" du mois de décembre, intitulé "Maroc - LF 2024 : L’équilibre budgétaire à l’épreuve des engagements sociaux".
Selon les analystes d'AGR, la LF-2024 a prévu un ensemble de mesures face à cette crise, rappelant que le coût des mesures de lutte contre l’inflation s'est chiffré à 40 milliards de dirhams (MMDH) en 2022 (dont 22 MMDH alloués à la subvention du gaz) puis à 10 MMDH en 2023.
Le financement de la généralisation de la protection sociale nécessite 35 MMDH en 2024 avant d’atteindre 40 MMDH en 2026, ajoute la même source, notant qu'une aide annuelle aux sinistrés du séisme est également prévue, avec une annuité de 1,8 MMDH dans le cadre d'un plan global de réhabilitation de 120 MMDH durant 5 ans.
Malgré ces engagements sociaux, la réduction du déficit budgétaire est érigée en priorité absolue pour le ministère de l’Économie et des Finances, fait savoir AGR, estimant que les projections pour l'année 2024 laissent entrevoir une amélioration des équilibres budgétaires du Maroc, s'acheminant vers l'atteinte des plafonds cibles de 3% pour le déficit et de 70% pour l’endettement à horizon 2026. "Pour y aboutir, l’Exécutif compte sur les revenus des taxes de solidarité et ceux prévus des amnisties fiscales (montant cumulé de 11 MMDH)", note le rapport.
En matière d’optimisation, un réel recadrage des programmes sociaux a été effectué pour une réallocation des aides (15 MMDH), poursuit la même source, précisant que la réforme de la Caisse de Compensation devrait également générer une marge de manœuvre considérable (23 MMDH sur la période 2024-2026).
La LF-2024 a été une nouvelle occasion pour la mise en place de nouvelles réformes, souligne AGR, citant, dans ce sens, la levée progressive de la subvention au gaz butane, le focus sur la TVA avec une réduction des exonérations, une baisse des taux pour les biens de consommation et le durcissement des contrôles, entre autres.
Et de relever qu'à l’issue de cette année, "le Maroc aurait gagné à retrouver une croissance normative autour de 4% sous l’hypothèse d’une météo clémente et réussirait ses chantiers sociaux sans dégâts sur ses équilibres".
Selon les experts d'AGR, il s'agit d"'un exercice difficile de mobilisation des ressources fiscales que le Maroc est en train de réussir et qui demeure un enjeu de taille pour de nombreux pays d’Afrique qui cherchent un réel bouclier contre la volatilité des revenus issus de leurs ressources naturelles".