Attijari Global Research publie une nouvelle lettre d’investissement intitulée «AGR House View » dans laquelle le directeur de la stratégie du bureau de Recherche, Taha Jaidi, s’interroge sur un changement de paradigme en 2023 sur le marché actions. Il déroule un argumentaire en faveur du stock picking privilégiant les banques et les mines et préconise la prudence pour les autres secteurs dans l’attente que le marché intègre les annonces des résultats 2022E et les révisions de la croissance des profits en 2023E.
« Si nous sommes amenés à réaliser une rétrospective sur les trois dernières années, nous allons rapidement nous rendre compte que les scénarii les moins probables sont ceux qui se sont finalement concrétisés. Nous avons connu la 1ère pandémie depuis 100 ans, nous avons assisté à la 1ère invasion en Europe depuis 75 ans, nous vivons la plus forte inflation depuis 40 ans et enfin, nous ressentons pour la 1ère fois, les effets des changements climatiques dans notre quotidien », écrit-il.
Baisse de la Bourse : Les taux sont le principal responsable
Pour le stratégiste de AGR, la normalisation accélérée des Taux dans un contexte inflationniste est le principal facteur à l’origine de la récente correction du marché boursier. « Après une longue période de Taux bas (2014-2021) favorable aux Actions, nous avons assisté en 2022 à un retournement haussier de la courbe obligataire. Une situation qui a quasiment neutralisé les spreads de rendement entre les Actions et les BDT-1Oans,…... Une situation qui réduit davantage l’attractivité des rendements de dividende offerts par les Actions ».
Aors que les prévisions de croissance des bénéfices agrégés de la cote durant la période 2022E-2023E s’élèvent à 6,9% en moyenne annuelle, nous assistons à une forte correction des multiples de valorisation du marché. Ainsi, le P/E 23E retombe à 16,6x contre une moyenne normative depuis 2008 de 19,6x. Ce constat atteste que la récente baisse du marché Actions reposerait davantage sur un relèvement des taux d’actualisation appliqués par les investisseurs plutôt que sur une prévision de contraction des profits futurs des sociétés cotées, constate AGR.
La Prime de Risque calculée selon la méthode du sondage conforte cet avis à travers une hausse continue sur la période 2021-2023 passant de 5,9% à 8,0%
Banques et mines devraient résister
Pour AGR, le profil de croissance des bénéfices de la cote durant la période prévisionnelle 2022E-2023E cacherait des disparités sectorielles. « Les secteurs Banques & Mines justifient l’essentiel de la croissance bénéficiaire de la cote. D’une part, les banques continuent de bénéficier de la normalisation de leur coût du risque en raison d’un effort de provisionnement important au début de la crise Covid. D’autre part, les minières profitent du contexte inflationniste à travers l’appréciation des cours des métaux et un dollar fort par rapport au dirham » ;
Bourse : Rupture avec les valorisations historiques
« Nous croyons que le marché Actions est en phase de marquer une rupture avec ses niveaux de valorisation historiques, à savoir un multiple des bénéfices autour des 20,0x au cours des 15 dernières années », explique-t-on dans la note. Et AGR de faire remarquer que durant les phases où le rendement des BDT-10ans ressort à moins de 3,0%, le P/E du marché s’est établi à plus de 20,0x. Par ailleurs, les périodes où le rendement des BDT-10ans est supérieur à 4,0% sont généralement caractérisées par des P/E entre 15,7x et 17,2x.
« Tenant compte de nos projections de croissance sur la période 2022E-2023E et sous l’hypothèse d’un niveau des Taux toujours élevé, nous ressortons avec un P/E fondamental pour le marché Actions de 16,0x ».
« Ce niveau est en cohérence avec le comportement de la Bourse durant les périodes de Taux élevés ainsi que l’impact de la Prime de Risque sur les niveaux de valorisation de notre univers d’investissement ».
Comment agir en Bourse en 2023 ?
« Nous croyons que la récente correction du marché Actions est justifiée en grande partie par la tendance haussière des Taux au Maroc. Une situation qui a déclenché une correction des niveaux de valorisation des titres cotés. Par ailleurs, la faiblesse de la croissance bénéficiaire des secteurs non-financiers durant la période 2022E-2023E ne semble pas encore être intégrée au niveau des cours », concluent les stratégistes du bureau de recherche.
Les répercussions de l’inflation et du ralentissement de la demande ne devraient se faire sentir réellement qu’à partir du T4-22. « Dans ce contexte, nous privilégions les secteurs Banques & Mines. Ces derniers présentent une meilleure visibilité en termes de croissance, bénéficient d’une certaine résilience face à l’inflation et affichent des niveaux de valorisation en dessous de notre P/E fondamental cible ».
Ces deux secteurs pourraient faire l’objet d’une implémentation progressive et ce, dans le cadre d’une stratégie de placement sur un horizon MT.
« Concernant les autres secteurs de la cote, nous préconisons la prudence dans l’attente que le marché intègre les annonces des résultats 2022E et les révisions de la croissance des profits en 2023E ».