Au Maroc, les autorités marocaines ont, depuis près d’une décennie, inscrit l’inclusion financière parmi leurs actions prioritaires. Soucieux de réduire les inégalités sociales et économiques et de promouvoir le rôle de toutes les franges de la population dans l’économie du pays, plusieurs acteurs dont le Ministère de l’Economie et des Finances et Bank Al-Maghrib ont mis en œuvre plusieurs actions tendant à réduire les facteurs d’exclusion financière, à travers des politiques ciblées au profit des individus et des entreprises.
Le Maroc a ainsi enregistré d’importants progrès notamment en termes d’accessibilité des services financiers formels, de protection du consommateur, d’éducation financière et de financement des entreprises. Néanmoins, plusieurs segments de la population demeurent quasi-exclus du système financier.
Pour faire face à cette situation et dans la poursuite de leurs efforts, le MEF et BAM ont mobilisé les acteurs publics et privés dans le cadre d’une démarche participative pour le développement d’une stratégie nationale d’inclusion financière. Le développement de cette Stratégie témoigne de la ferme détermination des autorités publiques et des acteurs du secteur financier à poursuivre leurs efforts pour surmonter les obstacles à l’inclusion financière des différents segments de la population.
Dans cette perspective, la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière s’est fixée des objectifs ambitieux qui consistent à réduire les disparités entre les différents segments de la population notamment entre les genres. En effet, compte tenu des écarts significatifs qui persistent ente les genres en termes d’accès aux services financiers formels, les femmes représentent une des cibles prioritaires des politiques et des stratégies nationales d’inclusion financière dans les pays en développement.
Gros gap de genre
Dans les économies en développement, malgré les progrès réalisés en termes d’inclusion financière, le gap entre les genres reste inchangé et s’établit à 9 points de pourcentage : entre 2014 et 2017, le taux des hommes ayant des comptes bancaires ou de paiement est passé de 60 à 67% contre 51% à 59% pour les femmes.
Selon les derniers résultats de l’enquête Findex de la Banque Mondiale menée en 2017, l’écart entre les hommes et les femmes est plus important au Maroc comparativement à des pays similaires : 17% des femmes adultes ont accès à un compte bancaire contre 41% des hommes. Cette disparité, plus marquée à la base de la pyramide socio-économique, crée un cercle vicieux : sans accès aux services financiers, les femmes ne peuvent saisir les opportunités offertes par le marché, ce qui amplifie les inégalités entre les sexes.
Pour la population féminine, l’exclusion financière reflète une exclusion économico-sociale associée à des facteurs culturels. Les résultats des études effectuées au cours des dernières années montrent que les femmes salariées sont quasiment au même niveau d’inclusion financière que les hommes salariés et que l’écart se creuse significativement au niveau des travailleurs indépendants et devient très significatif pour les femmes sans emploi. Dans ce contexte, et afin de pouvoir relever le défi de l’inclusion financière des femmes, Bank Al-Maghrib a entrepris plusieurs initiatives.