Mercredi 16 Novembre 2016

Transformation digitale :Le secteur bancaire, un laboratoire à ciel ouvert

Analyse du Marché Boursier Marocain


Une solution nationale de paiement mobile, largement diffusée et à bas coût, sera testée en 2017, pour un lancement officiel à la fin de la même année. La Banque centrale sera aux commandes. Avec ce concept et celui de “comptes sans banque”, l'année prochaine s'annonce une grande année de disruption digitale pour le secteur.


La transformation digitale du secteur bancaire est plutôt rapide. Comme dans d'autres pays plus avancés, la disruption à grande échelle va d'abord passer  par ce marché qui s'y prête parfaitement : destiné à la masse, il permet de tester l'appétit du consommateur au changement d'habitudes avec des retours d'expérience rapides. Dans ce sens, 2017 sera une année charnière après deux années 2015 et 2016 où le secteur a plus joué sur l'amélioration de l'expérience utilisateur. Cette fois-ci, on entre dans le coeur du sujet : éduquer le consommateur au changement. De manière plus institutionnelle, on parle d'inclusion financière et c'est le but de cette solution. “L'objectif de cette solution est de réduire la circulation de cash, tout en permettant une plus grande inclusion financière des populations”, apprend-on dans la documentation qui accompagne la feuille de route du secteur financier pour le climat.
 Un cadre légal au point, le reste doit suivre

Le cadre légal favorisant le développement de ce type d'offres a été mis en place à travers l'introduction d'une nouvelle catégorie d'établissements non bancaires dans la nouvelle loi bancaire. Ces établissements que Bank Al-Maghrib compte agréer dès 2017, pourront ouvrir des comptes de paiement (dits aussi comptes sans banque) tout en offrant des services de paiement (épargne, transfert, paiement...). La réglementation y afférente a été validée par le comité des établissements de crédit en juin 2016. 

Mais si le cadre légal est en place, il reste à mettre en place l'ensemble des ajustements fiscaux et tarifaires qui accompagnent ce type de services, ce qui est un peu plus compliqué, surtout pour le deuxième point. Car, d'habitude, un banquier met quelques secondes à fixer le prix d'un produit. Il suffit d'appliquer une marge acceptable et ciblée à son coût de revient (qui inclut le risque). Or, il s'agit ici d'inclusion financière, ce qui relègue l'objectif de rentabilité à un second niveau. Tout porte à croire que la Banque centrale, porteuse de ce projet, demandera aux banquiers d'appliquer une tarification commune permettant de faire entrer sur le marché de nouveaux utilisateurs de services bancaires. Une bonne idée pour atteindre les objectifs d'inclusion financière et accompagner ces fameux comptes sans banque.

Un produit grand-public ?

Dans le digital, estimer qu'un produit d'inclusion financière est destiné aux moins favorisés est une erreur. Dans le digital, le consommateur agit lorsqu'il constate qu'on lui facilite l'existence, peu importe son niveau de vie. L'erreur serait donc d'adapter la communication sur cette solution à un public à bas revenus. Si l'on prend l'exemple de nos amis français et le fameux compte Nickel, qui permet d'ouvrir un compte bancaire en trois minutes dans un bureau de tabac, les initiateurs de l'idée, qui au passage viennent d'une banque plutôt haut de gamme (Boursorama), ont très vite compris que les utilisateurs de leur produit étaient plutôt des jeunes à revenus intermédiaires à élevés, alors qu'au départ le produit était conçu pour des interdits bancaires et des clients avec des préjugés sur la banque classique. Aux Etats-Unis, les banques en ligne les moins chères sont prises d'assaut par des clients à revenus élevés. La sensation de faire une bonne affaire et passer par le malin de la troupe est toujours recherchée dans le digital. Cette asymétrie doit être considérée pour faire réussir ce type de produits.

 

 

 

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