La relation Banque/PME aura longtemps été vouée à un débat sans solution ou à des alternatives empreintes de frustrations de part et d’autre. Le fait est là et il est impératif de le regarder de plus près : les PME constituent 95% du tissu économique national mais sont lésées d’un point de vue financement. Face à elles, les banques, auxquelles nous reconnaissons « solidité » et « stabilité », se veulent frileuses et réticentes du fait du caractère hasardeux émanant de la fragilité de ces TPME.
A l’unanimité, il est clair qu’aider ces PME à prospérer et à s’émanciper favoriserait incontestablement une création d’emploi et donc une augmentation du pouvoir d’achat certaine, d’une part, conjugués à une multplication des investissements d’une autre, ce qui stimulerait la demande et par conséquent se traduirait par une embellie de la croissance.
« Retour en arrière » :
BAM a plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme, jouant le rôle du médiateur entre les banques et les TPME. C’est en ces mots qu’elle avait alertée son anditoire bancaire la dernière fois en 2013 : « L’heure est difficile, et nous avons le devoir de soutenir l’avenir de notre économie nationale, largement portée par les PME ». La motivation et l’ambition de se mêler au secteur privé sont devenus indispensables en plus d’une amélioration imminente et perceptible de la relation « banque-entreprise ». Ceci étant, la nouvelle feuille de route de BAM, entrée en vigueur le 1er janvier 2014, avait prévu de nouvelles spécificités. Pour simplifier, le dispositif peut être divisé en deux volets : le volet financement et le volet technique.
Pour ce qui est du volet financement, il s’agit de nouvelles modalités de financement qui consistent en substance en un refinancement sur un minimum de 2 ans, un allongement de la durée de refinancement des banques à une année renouvelable, une extention des TPME éligibles à celles ayant un CA inférieur à 175 MDH et des crédits inférieurs à 50 MDH. Par ailleurs, la nouveauté réside dans l’attention particulière réservée aux entreprises industrielles exportatrices (écartant par là les crédits destinés à la promotion de l’immobilier et aux professions libérales).
Pour ce qui est maintenant du volet technique, le collatéral s’élargit et prend une place beaucoup plus importante : y sont ajoutés les Bons du Trésor et les crédits hypothécaires. En outre, les banques bénéficieront de plusieurs types d’allocations notamment une allocation qui peut atteindre un taux de 10% de l’encours global des crédits, ou encore une dite « d’additionnelle », destinée aux banques ayant enregistré une augmentation de l’encours des crédits aux TPME dans un délai de 12 mois et qui s’ajoutee à l’allocation précitée. Encore plus, les banques qui auront soutenu les secteurs de l’industrie et de l’export bénéficieront d’un effet multiplicateur par 2.
Quelles concrétisations à ce jour ?
A coup sur, les banques sont de plus en plus engagées dans la promotion des PME. L’une des trois banques marocaines, à savoir la BCP a annoncé l’année 2015 comme « l’année de la PME » en prônant un encouragement de l’investissement des PME par le biais de la mise en place d’un nouveau taux à moyen terme de 5,25% (contre 5,95%) en plus d’un versement annuel de 22 milliards de dirhams. Rappelons que la BCP est à la tête du programme Imtiaz visant au renforcement du dispositif du soutien aux PME.
Pas plus tard qu’au début de cette semaine, Finéa, filiale de la CDG et Crédit Agricole ont décroché des financements respectives de 150 millions d’euros et de 50 millions d’euros destinés aux PME.
Pour conclure, bien que les banques semblent plus soucieuses des TPME/PME, ceci étant vérifiable au regard de leurs agissements au profit de ces dernières, plusieurs manques sont désormais encore à combler de façon à unifier véritablement le couple « banques/PME ».