Le dernier Conseil de Bank Al-Maghrib aura duré 5 heures. Mais à en croire le wali de la Banque centrale, durant la traditionnelle conférence de presse qui suit cette réunion trimestrielle, le débat a plus porté sur «les mesures spécifiques devant être mises en place par la banque dans le cadre du programme d'appui à l'entrepreneuriat». Des mesures qui impliquent aussi bien la Banque centrale que le GPBM et le gouvernement, à travers le ministre des Finances. Elles sont supposées répondre à l'interpellation royale formulée en ouverture du Parlement en octobre dernier, sur le rôle des banques dans l'accompagnement des entrepreneurs. Quant à la conduite de la politique monétaire, circulez, il n’y a rien à voir. Le wali a vite résumé la situation : le taux directeur n'a pas été revu à la baisse pour protéger l'épargne longue. De plus, selon lui, l'expérience d'autres zones monétaires, l'Europe notamment, montre que l'impact du taux sur la relance du crédit est limité si le contexte économique ne s'y prête pas. Pourtant, le marché obligataire a intégré une baisse, substantielle même, du taux directeur. Ceci se lit aisément sur les taux longs qui s'écrasent à des niveaux jamais atteints. Le wali qualifie de «confusion» la lecture du marché qui «apporte une appréciation à court terme», vraisemblablement décalée par rapport à la vision plus moyen-termiste de la Banque centrale.
Soutien à l'entrepreneuriat : Rendez-vous début 2020
Les différents acteurs et régulateurs ont eu le temps de faire murir la réflexion sur les réponses à apporter à l’injonction royale. Pour Jouahri, en nommant les acteurs dans son discours, le Roi a responsabilisé et mobilisé tout le monde. Le wali n'a pas voulu donner plus de détails sur la stratégie du secteur bancaire avant de la présenter au Souverain. Mais il donne des pistes, notamment sur l'agenda et le rôle que peut jouer l'institution qu'il dirige.
Bank Al-Maghrib compte ainsi soutenir les banques pour favoriser le financement de l'entrepreneuriat. On peut imaginer un mécanisme basé sur l'élargissement du collatéral à cette catégorie de prêt, comme c'est le cas actuellement avec les TPME. Sur un volet moins quantitatif, la Banque centrale se chargera légitimement du reporting et continuera à soutenir les actions d'inclusion financière, clé de voûte de cet engrenage. Abdellatif Jouahri confie également que les parties prenantes pensent à une institution pour le suivi, qui permettra d'avoir un impact global. Il insiste sur le rôle que doit jouer la garantie dans ce modèle et sur le caractère régional de cette action. Ce mécanisme verra le jour début 2020. Autant dire que les 10 jours qui nous séparent du nouvel An vont être chargés.
Pas d'inflation....
Le Conseil a noté que l’inflation a connu une forte décélération au cours des dix premiers mois de 2019, à cause du recul des prix des produits alimentaires. Elle devrait terminer l’année avec une moyenne de 0,3%, ce qui est extrêmement bas et fait réfléchir sur la capacité du niveau actuel du taux directeur à garantir la stabilité des prix. Selon les projections de Bank Al-Maghrib, elle devrait s’accélérer à 1,1% en 2020 et à 1,4% en 2021. Sa composante sous-jacente, qui mesure la tendance fondamentale des prix, ralentirait à 0,6% cette année et augmenterait à 1,3% en 2020, puis à 1,9% en 2021, sous l’effet conjugué de l’amélioration prévue de la demande intérieure et de la dissipation attendue de l’appréciation du taux de change effectif réel.
...Ni de croissance
Pour l’ensemble de l’année 2019, la croissance devrait s’établir, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, à 2,6% après 3% en 2018, avec un recul de 4%, contre une hausse de la même ampleur un an auparavant, de la valeur ajoutée agricole, et une augmentation de 3,3% après 2,6% de celle des activités non agricoles. Au total, Bank Al-Maghrib table sur une accélération de la croissance à 3,8% en 2020 et sur sa consolidation à 3,7% en 2021.
A.H