La production d'acier au Maroc représente 3 fois la capacité d'absorption du marché. En Espagne, ce rapport est plus important (6 millions de tonnes produites pour une demande de 800.000 tonnes seulement). Pourtant, le prix de l'acier au Maroc, tel qu'accepté par le marché, est identique à celui appliqué en Europe. Une aberration selon le management de Sonasid, à sa tête Amin Abrak, nouveau Directeur général depuis juin dernier. Comment sortir de cette impasse ? Outre l'appel de détresse aux autorités, le management a présenté des pistes. Cela dit, la situation ne devrait pas s'améliorer au deuxième semestre.
Comme à l'accoutumée, face à la baisse des prix, Sonasid a serré la ceinture. Le management revendique une baisse des charges variables de 5,5% dans l'aciérie, de 17% dans le Laminoir de Jorf Lasfar et 11% à Nador. Les coûts fixes ont connu une baisse de 2,2 MDH et les coûts énergétiques sont en baisse grâce à l'exploitation depuis un peu plus d'un an de l'éolien. Cette démarche n'a pas suffi pour dégager un résultat d'exploitation positif, car les marges se sont effritées de 19% suite à la baisse moyenne des prix de plus de 21%. Ainsi, sur le plan opérationnel, le résultat des activités est négatif de 40 MDH contre un résultat positif de 45 MDH au premier semestre de 2016. Le résultat net en social est déficitaire de 44 MDH, contre un profit de 41,8 MDH en S1 2015. Le RNPG, lui, s'établit à - 61 MDH. "Cette tendance devrait se poursuivre et se confirmer sur l'ensemble de l'année 2016", déclare Amin Abrak, qui apporte avec lui une expérience certaine en termes de rationalité des coûts dans les fonctions supports après une longue expérience chez Managem, l'autre filiale de SNI.
Sonasid distribution doit descendre un ou deux étages plus bas
Ce concept de distribution direct permettant à Sonasid d'aller à la bagarre dans le marché de la distribution, représente 25 à 30% des ventes du sidérurgiste au premier semestre. Le management souhaite désormais "augmenter la capilarité de ce concept" et le faire descendre "un ou deux étages plus bas". Comprenez : Plus de proximité avec le client final et moins de dispersion des marges entre la chaîne de production et le chantier. Cette activité de négoce devrait permettre de compenser la baisse des marges à la sortie d'usine.
Quant aux perspectives du marché, il ne faudra pas s'attendre à des miracles. Les exportations chinoises (lire comment les exportations chinoises ont impacté le Maroc) inondent le marché international, des pays voisins comme l'Algérie installent leurs propres capacités de production tout en mettant en place des barrières à l'entrée pour l'acier marocain et les mesures de sauvegarde arriveront à maturité en 2018. Un délai très court qui ne permettra pas à la société de se remettre de ses blessures, d'où l'appel du management à une prise de conscience des autorités, comme c'est le cas en Amérique du Nord et dans certains pays d'Europe, que le dumping chinois est un danger pour cette industrie.
En embuscade
Sonasid dont la situation financière est plutôt "propre", affiche une endettement négative de 350 MDH et un encours clients de 369 MDH, représentant 36 jours de chiffre d'affaires, très loin des 90 ou 120 jours constatés dans d'autres industries. “Nos fondamentaux sont solides, l'amélioration de la conjoncture internationale, la prise de conscience sur le dumping appliqué par les importateurs et la stabilisation des prix sont nécessaires à une reprise de notre activité”, commente Abdelilah Fadili, DAF de Sonasid. Sonasid qui semble avoir mis au placard pour l'instant ses projets en Afrique subsaharienne attend un redressement de la situation pour redevenir rentable. Leader du marché, le sidérurgiste est en embuscade.
Notons enfin que la filiale Longométal armature a dégagé un chiffre d'affaires de 146 MDH, en hausse de 4% par rapport au S1 2015 alors que son résultat net est stable et déficitaire de 6 MDH.