Jeudi 06 Mars 2025

Blanchiment des capitaux et financement du terrorisme au Maroc: Enjeux, régulation, sanctions… tout ce qu’il faut savoir

Analyse du Marché Boursier Marocain

Le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme représentent des défis majeurs pour la stabilité économique et financière du Maroc. Face à ces risques, le Royaume a renforcé son dispositif de lutte, ce qui lui a permis de sortir de la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI) en février 2023. Décryptage des enjeux et des mécanismes mis en place.

En effet, ces phénomènes, en plus de menacer l’intégrité du système financier national, peuvent nuire à l’attractivité du pays aux yeux des investisseurs étrangers.

Le blanchiment de capitaux consiste à dissimuler l’origine illicite de fonds issus d’activités criminelles (trafic de drogue, corruption, fraude, etc.) en les réinjectant dans l’économie légale. Ce processus se déroule en trois étapes :

 

  1. Placement : Introduction des fonds dans le système financier, via des dépôts bancaires, l’achat de biens ou des investissements.
  2. Conversion : Multiplication des transactions complexes pour masquer la traçabilité des fonds (transferts internationaux, sociétés écrans).
  3. Réintégration : Réinjection des fonds blanchis dans l’économie légale à travers l’acquisition de biens immobiliers, de sociétés ou d’actifs de luxe.

 

Financement du terrorisme : une menace permanente

Contrairement au blanchiment, où l’objectif est de rendre l’argent propre, le financement du terrorisme peut s’appuyer sur des fonds licites ou illicites pour soutenir des activités criminelles. Ce processus suit trois étapes :

  1. Collecte : Les fonds proviennent de dons, trafics, entreprises fictives ou associations caritatives détournées.
  2. Transfert : Les circuits financiers incluent des banques, des systèmes informels comme le Hawala ou des transports physiques d’argent.
  3. Utilisation : Financement d’armes, de déplacements ou de formations pour des activités terroristes.

 

Pourquoi le Maroc doit-il intensifier la lutte ?

Lutter contre ces phénomènes est crucial pour préserver :

  • La stabilité financière : L’infiltration de fonds illicites peut fausser les marchés et alimenter la volatilité économique.
  • L’attractivité du pays : Une réputation de place financière sécurisée est essentielle pour attirer les investisseurs internationaux.
  • L’intégrité économique : Une concurrence faussée par l’argent sale nuit aux entreprises respectueuses des règles.

 

Un dispositif renforcé pour une conformité aux standards internationaux

Le Maroc a mis en place un arsenal législatif robuste, structuré autour de la loi 43-05 sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ce cadre réglementaire impose des obligations strictes aux établissements financiers, aux entreprises et aux professions à risque (avocats, notaires, agents immobiliers…).

 

Qui veille au grain ? Les acteurs clés de la régulation

Plusieurs institutions sont en première ligne pour garantir un environnement financier sécurisé :

  • Bank Al-Maghrib : Supervise les banques et impose des règles de vigilance et de contrôle strictes.
  • Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) : Veille à la conformité des acteurs boursiers et renforce la surveillance des flux financiers.
  • Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS) : S’assure que les compagnies d’assurances appliquent des dispositifs anti-blanchiment rigoureux.
  • Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF) : Traite les déclarations de soupçon et collabore avec les instances internationales.
  • Commission Nationale des Sanctions (CNASNU) : Applique les résolutions de l’ONU en matière de gel des avoirs liés au terrorisme.

 

Quels risques en cas de non-conformité ?

Les sanctions sont sévères pour les contrevenants. En cas de blanchiment de capitaux, les peines vont de 2 à 5 ans de prison pour les individus et jusqu’à 3 millions de dirhams d’amende pour les personnes morales. Le financement du terrorisme est encore plus lourdement sanctionné, avec des peines pouvant atteindre 20 ans d’emprisonnement et 5 millions de dirhams d’amende.

Au final, si le Maroc a franchi une étape importante en sortant de la liste grise du GAFI, la vigilance reste de mise. La coopération internationale, le renforcement des contrôles et la sensibilisation des acteurs économiques sont essentiels pour prévenir ces crimes financiers. L’enjeu est de taille : protéger l’économie nationale, garantir la transparence financière et préserver la confiance des investisseurs.

 

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