Nouveau rebondissement dans le feuilleton Holcim-Lafarge. Alors qu’un compromis avait été trouvé entre les deux géants du ciment pour sauver la fusion, l’homme d’affaire russe Filaret Galtchev, deuxième actionnaire du groupe Holcim qui en détient 10,8% du capital, a fait part de son rejet de l’accord, d’après la presse suisse.
Le 20 mars dernier, les deux cimentiers concluaient un accord sur une nouvelle parité d'échange et de gouvernance. Le ratio d’échange a ainsi été ramené à 0,9 action Holcim pour une action Lafarge, au lieu de la fusion «entre égaux» prévue à l’origine. Avec ce nouveau compromis, Holcim détiendrait 56% du nouvel ensemble contre seulement 53% dans le schéma de fusion initiale. Par ailleurs, plus question de confier la direction générale de la nouvelle entité à Bruno Lafont, président de Lafarge. Ce dernier se contentera du titre de co-président du conseil d’administration de la nouvelle entité.
Cet accord, qui devait donner le feu vert à la fusion, est déjà remis en cause. Les actionnaires d’Holcim, s’estimant en position de force par rapport à Lafarge, en veulent toujours plus. Le milliardaire russe Filaret Galtchev, président d'Eurocement et deuxième actionnaire du groupe Holcim avec 10,8% du capital, estime, d’après les médias suisses, que ce compromis n’est toujours pas satisfaisant pour les actionnaires d’Holcim. Autrement dit, Galtchev souhaite renégocier les termes de l’échange au profit de Holcim. Ce qui fait planer une nouvelle fois le spectre de l’échec de la fusion des deux cimentiers.
Le 7 mai prochain se tiendra l’assemblée générale extraordinaire de Holcim avec à l’ordre du jour le vote pour avaliser le projet de fusion. Pour que celle-ci soit entérinée par Holcim, la majorité des deux tiers est requise. Or il semblerait, toujours d’après la presse helvétique, que d’autres actionnaires pourraient se joindre à la fronde du président d’Eurocement et bloquer le processus de fusion. C’est le cas de Harris Associates, troisième actionnaire de Holcim, qui décidera de voter pour ou contre le projet de fusion, une fois qu’il prendra connaissance du nom du nouveau CEO.
Les prochains jours seront donc déterminants pour le mariage mouvementé de Lafarge et Holcim. Et la pression des actionnaires d’Holcim est de plus en plus forte pour faire accepter de nouvelles concessions de la part du cimentier français. La nomination du nouveau patron de l’entité créée (LafargeHolcim) pourrait désamorcer la crise. Mais pour cela, il faudrait que les deux cimentiers se mettent d’accord sur un nom qui fasse consensus. Les enjeux de cette fusion, rappelons-le, sont immenses : elle doit permettre la naissance du numéro un mondial des matériaux de construction avec un chiffre d'affaires cumulé de plus de 30 milliards d'euros.
Pendant que le doute subsiste sur l’issue du vote du 7 mai prochain, les autorités indiennes de la concurrence viennent d’autoriser le projet de fusion.
Amine El Kadiri. Journaliste Bourse et Finances à Finances News Hebdo