«Make America Great Again» telle est la ligne de conduite sur laquelle repose la politique économique deDonald Trump. Un nationaliste qui entend imposer au reste du monde l'intérêt de son pays, avec un seul but : rétablir la puissance américaine et ce, à travers une politique économique qui repose sur trois piliers complémentaires, le protectionnisme, les baisses d'impôts et la dérégulation financière.
Le déficit commercial : premier souci de Trump
En effet, pour restituer cette puissance américaine, la nouvelle administration américaine doit passer par le rétablissement de son déficit commercial. Tant que les Etats-Unis affichent des besoins de capitaux étrangers, ils ne peuvent évidemment jouer pleinement de leur puissance et sont dépendants de l'extérieur, et notamment de leur principal adversaire géopolitique, la Chine qui reste le premier pays avec lequel les États-Unis accumulent un déficit commercial en 2016, et que Donald Trump a clairement dans son collimateur depuis son arrivée à la présidence.
Ce n'est donc pas un hasard s’il a visé, à plusieurs reprises, la Chine avant son investiture, estimant que la mondialisation lui profite et qu’elle sape, par une concurrence déloyale, le niveau de vie de la classe moyenne américaine. « Le déficit commercial des États-Unis avec la Chine a été de 400 milliards de dollars l'an dernier », crie le locataire de la maison blanche lors d’un discours.
Pour cela, les Etats-Unis sont dans l’obligation de réduire leur déficit commercial et générer davantage d'épargne pour financer leur économie et l'étranger. Un gouffre énorme que le président s'engage désormais à combler.
Retrait du Traité transpacifique : Pourquoi Pékin se frotte les mains
Dès son premier jour à la maison blanche, Donlad Trump a signé une série de décrets dont la sortie des Etats-Unis du Traité transpacifique (TPP). Cet accord de libre-échange commercial entre les Etats-Unis et onze autres pays de la zone Pacifique (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam) a été signé par Barack Obama mais pas ratifié.
Toutefois, ces postures du nouveau président Trump ne sont guère inquiétantes pour l’empire du Milieu, et le chef de l’Etat chinois, Xi Jinping n’y est pas allé avec le dos de la cuillère puisque lors du Forum économique mondial de Davos tenu en janvier avait déclaré : « Personne n’émergera en vainqueur d’une guerre commerciale », avertissant à mots à peine voilés, le président élu américain.
"Nous n'allons pas fermer la porte au monde extérieur mais l'ouvrir encore plus largement", a-t-il expliqué. "La construction d'une Zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP) est une initiative stratégique vitale pour la prospérité à long terme de la région. Nous devons nous y atteler fermement", a ainsi déclaré le président chinois.
L’on augure que ce protectionnisme défendu par Trump, servira les intérêts de Pékin, puisqu’elle profitera de l’échec du partenariat transpacifique pour promouvoir son projet concurrent, le RCEP. Un Partenariat économique intégral régional (RCEP) qui associe les dix pays membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) et leurs partenaires régionaux (Japon, Australie, Inde, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande). Dès lors, la Chine se retrouvera en position de force puisque les pays d’Asie et du Pacifique ne peuvent plus utiliser l’Amérique pour lui faire contrepoids.
L’alliance Chine et Union européenne : une approche «gagnant, gagnant»
D’autre part, Pékin pourrait présenter une politique de défense de la mondialisation contre le protectionnisme défendu par Washington, elle sera tournée vers l’Europe pour négocier un meilleur accès aux marchés européens, mais aussi des transferts de technologie, afin de réduire la dépendance de l'économie chinoise à la dépense publique et de réaliser la montée en gamme de cette même économie et l’Union européenne semble prête à amorcer ce nouveau rapprochement commercial pour répondre, à son tour, à la tentations protectionniste des américains.
D’ailleurs, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avait déclaré lors d’un colloque abordant les relations économique et commerciale entre la Chine et l’Europe, que "Si la montée d'un protectionnisme venu d'ailleurs constitue une menace pour l'économie chinoise, nous sommes prêts à nous engager et à le combattre ensemble"
Pour finir, le problème pour Donald Trump, c’est qu’il n’est pas sûr d’être en mesure de remporter la mise. La Chine a d’ores et déjà prévenu qu’elle ne craignait pas ces représailles commerciales, et elle s’est fait récemment beaucoup d’amis, contrairement au président américain qui n’a pas arrêter de menacer le reste du monde à coup de tweets et d’interviews assassins.
Youssef Seddik