Passé par un contexte de crise, le secteur technologique coté redresse petit à petit la barre. À l’appui, une stratégie nationale pour la généralisation des services eGov, un taux de bancarisation frôlant les 70% au premier semestre 2017, une amélioration de la conjoncture des établissements bancaires (donneurs d’ordres), une bonne tenue du secteur de la monétique au Maroc…
Pour les opérateurs de la monétique, 2017 devrait être de bon augure. Au premier semestre, lls ont affiché une croissance à deux chiffres de leurs bénéfices. HPS a vu son bénéfice progresser de 14,6% à 30,1 MDH, fixant ainsi la marge nette à 11,2%. Du côté de M2M Group, fournisseur de solutions de paiement électronique multicanal, le succès est matérialisé par des revenus qui passent à 9 MDH, en progression de 65,5%. Alors que chez S2M, une hausse de 40,85% du résultat net a été enregistrée (7,08 MDH).
Pour cette année, ces technologiques profiteront de la fléxibilisation du Dirham, puisqu’elle réalisent plus de 80% de leurs chiffres d’affaires à l’export. Elle devraient ainsi gagner en compétitivité en cas de glissement du dirham.
Le secteur tirera également profit des chiffres de la monétique à fin 2017. On parle de 339,4 millions d’opérations pour un montant global de 286,6 milliards de dirhams, selon les chiffres du CMI. L’activité, elle, est en progression de +10,1% en nombre d’opérations et de +9,5% en montant par rapport à la même période en 2016.
D’autres élements viendront sans doute en soutien : Lancement du paiement mobile, déploiement du paiement sans contact, consolidation dans d’autres pays (dernier exemple en date : S2M qui a renforcé sa présence en Irak)…
Avec une capitalisation boursière de plus de 2,5 milliards de DH, le secteur affiche une performance de près de 16% depuis janvier. En zoomant, HPS gagnent 25%, Disway +20,76%, MicroData +19,16%, S2M +19,62% et M2M +3,16%.
Disruption digitale
Disruption ! Voilà un mot qui revient sur toutes les lèvres en ce moment. Mise en opposition avec l'innovation dite «classique», l'innovation disruptive rompt totalement avec les anciens schémas et arrive là où personne ne l'attendait, tout en créant un phénomène de masse. Aujourd’hui, l’industrie monétique est la plus touchée par la disruption et les opérateurs marocains s’intéressent de plus en plus à ces nouveaux modèles pour pallier la cyclicité de l’activité.
Pour Mohamed Horani, PDG du Groupe HPS, «cette reconfiguration (nouveaux modèles disruptifs, ndlr) est en train de bouleverser le marché et, pour nous, c’est une grande opportunité car nous disposons du savoir-faire et de la souplesse. D’ailleurs, nous avons une équipe spécialement dédiée à la Blockchain et nous mettons 15% de nos revenus (HPS Solution) dans la R&D», expliquait-il à l'occasion de la présentation des résultats du premier semestre 2017. Et d’ajouter : «c'est un phénomène de rupture qui fissurera les modèles traditionnels et qui «évincera» des marchés certains acteurs qui ne sauront pas se réinventer, innover, répondre rapidement aux bouleversements (nouveaux) technologiques et, par conséquent, ne survivront pas».
La disruption numérique présente donc des opportunités inédites de contenus et d’usages ainsi que de nouvelles sources de rentabilité pour ce secteur. Elle apporte un nouvel attribut de performance qui permettra de remplacer les anciennes technologies. Reste à savoir si les investisseurs arrivent à correctement la valoriser dans les cours.
Côté perspectives, les analystes financiers soulignent que le segment de la monétique (HPS, M2M et S2M) affiche la meilleure croissance, grâce à l’amélioration de la conjoncture des établissements bancaires donneurs d’ordres après la crise bancaire en Europe et les actions menées par les entreprises marocaines en termes d’optimisation des coûts et d’innovation de leurs produits. Pour les distributeurs de matériels et intégrateurs de systèmes d’information (Disway et Microdata) ainsi que les développeurs (Involys et IB Maroc), les perspectives demeurent tributaires de la capacité des importateurs de matériels à maîtriser leur risque de change (hausse éventuelle du Dollar), ainsi que l’amélioration des conditions macroéconomiques au niveau local.