Tony O. Elumelu. PDG Heirs Holding
Heirs Holding, société d'investissements panafricaine, a signé des mémorandums d'entente avec Attijariwafa bank et la Banque centrale Populaire, en marge de la visite Royale au Nigeria. Si la portée diplomatique d'une telle alliance entre ce monstre nigérian et les 2 plus grandes banques panafricaines du Royaume est importante, sur le plan opérationnel, une telle alliance risque de demeurer bien au chaud dans les tiroirs des dirigeants, sauf à forcer le destin. Explications.
Heirs fait dans le capital investissement, l'intermédiation, la gestion d'actifs et la banque de détail, notamment au Cameroun. Ce géant privé dispose de plusieurs participations dans des compagnies d'assurances africaines ainsi que dans le secteur de l'énergie. Il n'a que 6 ans d'existence et son PDG, Tony O. Elumelu (photo) est réputé, du moins de ce que nous avons pu lire dans la presse nigériane, pour être un acharné qui aime partir à la bagarre sur de nouveaux marchés.
Ce groupe peut être en concurrence avec les deux banques marocaines sur certains marchés et segments de marchés actuels ou futurs. L'Alliance avec Attijariwafa bank engage une collaboration entre la banque marocaine et United Bank of Africa, la plus importante filiale de Heirs, engagée également dans une stratégie d'expansion africaine. Les deux banques se sont mises d'accord sur une collaboration à l'échelle continentale. Cela peut se traduire par exemple par des prises de participations communes, voire la mise en place d'un co-investissement et d'un pacte d'actionnaires pour s'attaquer à des marchés anglophones avec l'appui de United Bank of Africa ou à des pays francophones en s'appuyant sur l'expertise d'Attijariwafa bank à l'Ouest. Ce ne sont que des exemples, car les deux groupes n'ont pas encore spécifié l'objet de leur collaboration pour l'instant. Mais cette "amitié" peut être mise à rude épreuve dans certains marchés, comme au Cameroun où les deux groupes sont pour l'heure concurrents. La stratégie panafricaine des deux banques n'est pas forcément conduite de la même manière et les risques de frottement sont nombreux, notamment dans le secteur de la gestion d'actifs.
Avec le groupe Banque Centrale Populaire, Heirs Holding indique qu'il sera question de collaborer sur les opportunités de financement, de co-investissement et d'échange d'informations, visant à tirer des bénéfices mutuels du potentiel qu’offrent les marchés africains. Si les contraintes évoquées plus haut concernant la coopération avec Attijariwafa bank peuvent être reprises ici, l'on note que les deux groupes ont un point d'ancrage potentiel commun : Celui de la microfinance. Atlantic Microfinance For Africa (AMIFA), filiale continentale spécialisée du groupe marocain peut intéresser Heirs dans sa diversification, secteur financier où la holding nigériane n'est pas présente. Encore faut-il que la Banque Centrale Populaire accepte de coopérer avec un concurrent dans la banque de détail qu'est United Bank, surtout si cette dernière collabore avec le concurrent numéro 1 de la BCP : Attijariwafa bank.
Sur le papier, ces alliances entre grands groupes financiers à vocation africaine peuvent hausser le niveau de l'inclusion financière dans le continent. Mais tout porte à croire que cela passera parfois par des compromis et une volonté qu'il faudra gérer, voire forcer souvent.