"Aujourd’hui, nous souhaitons à travers notre organisation professionnelle l’ASFIM, nous inscrire dans l’avenir, avec une dynamique d’accompagnement de tout notre écosystème", témoigne en préambule le président de l'Association, Omar Alami. Il faut dire que du haut de ses 500 Mds d'actifs sous gestion, le secteur est le premier détenteur des bonds du Trésor, il finance la dette privée des entreprises et détient le tiers de la capitalisation flottante des sociétés cotées.
Etude comparative
Pour accompagner la profession et soutenir le développement du secteur, l’ASFIM s’est appuyée sur le cabinet de conseil et d’audit international PwC pour mener une réflexion stratégique sur la place et l’avenir de l’Asset Management au Maroc, afin d’établir une vision stratégique à l’horizon 2030, assortie d’une feuille de route, pour continuer à faire de la place financière marocaine une des places les plus dynamiques de la région. Une étude comparative a ainsi été réalisée à travers sept thématiques identifiées comme centrales pour la profession, avec des pays qui présentent des similitudes avec le Maroc, soit par la nature, la taille ou la maturité de leur marché.
Cette étude dévoile sans surprise que l'épargne domestique n'est pas exploitée. En effet, le patrimoine financier des ménages marocains était de l’ordre de 826 milliards de dirhams en 2019. Ce patrimoine, dont la structure n’a pas changé depuis plus de dix ans, est composé à 83% de dépôts bancaires, alors que l’assurance vie ne représente que 10% et les titres financiers 7%. Les arbitrages des ménages pour parer à la baisse du rendement des produits bancaires classiques et à la rareté des opportunités dans l’immobilier semblent profiter à l’assurance-vie. En deux ans, l’encours a augmenté de 10 milliards de DH pour s’établir à 83 milliards de DH à fin 2019.
En outre, l'industrie doit pouvoir profiter de la position stratégique du Maroc pour capter l'épargne régionale et continentale. Mais pour cela, l'offre produit doit se développer et la fiscalité s'adoucir.
Sur le volet produits, l'industrie s'imagine élargir son offre avec, par exemple, des dépôts bancaires mixtes : Ce produit d'épargne dit évolutif est proposé par la profession, en collaboration avec Bank Al Maghrib et le GPBM. Il s'agit d’un nouveau type de dépôt bancaire destiné aux particuliers souhaitant faire fructifier leur épargne. Ainsi, à partir d’un certain seuil prédéfini, les dépôts seraient automatiquement placés via un produit d’investissement de type OPCVM. Ce type de produits permettrait progressivement d’amener les épargnants marocains, habitués à s’adresser à leur banquier pour gérer leur épargne, vers des produits d’investissement. A terme, les produits d’investissement, dont les produits de gestion collective, pourraient s’imposer comme référence dans l’offre de produits d’épargne. Cette démarche permettrait progressivement de familiariser les banquiers aux produits d’épargne qu’ils pourront commercialiser à travers le réseau bancaire classique avec une formation préalable à ce nouveau type de produits.
Il est également question pour la profession de concrétiser certains dossier en cours comme les fonds « Charia compliant », les OPCVM en devises étrangères, l'encouragement des plans d’épargne salariale et les ETF. La profession propose en outre de nouveaux OPCVM à dynamique régionale et continentale ou encore des OPCVM spécialisés.
ETF: l’ASFIM est très satisfaite de ces nouvelles dispositions légales qui ne peuvent que dynamiser le marché boursier.
Les ETF (Exchanged Traded Funds) appelés aussi trackers, sont des fonds indiciels cotés en bourse, ils sont transparents et ont pour objectif de répliquer la performance d’un indice boursier. Ils ont pour principaux avantages d’offrir une liquidité importante et de permettre une exposition diversifiée en termes de marché, de zone géographique, de secteur d’activité, de niveau de capitalisation ou encore de catégorie de classe d’actifs.
Ce mode d’exposition permet à la fois de répliquer en toute transparence et dans les mêmes proportions, les variations d’un indice et de réduire le risque spécifique lie à un titre en particulier.
Les ETF peuvent porter sur des indices de marché et places financières mondiales, mais il existe aussi des indices sectoriels, ou des indices de matières premières. L’ASFIM est très satisfaite de ces nouvelles dispositions légales qui ne peuvent que dynamiser le marché boursier.
Cependant, la promulgation de la loi sur la Bourse précitée, n’est pas suffisante pour la mise en place des ETFs au Maroc. Le cadre législatif devrait être complété par l’intégration des aspects opérationnels liés à ces titres, ce qui est notamment prévu dans le projet d’amendement de la loi relative aux OPCVM.
Fiscalité, distribution, éducation financières: les pré-requis
Les gestionnaires d'actifs estiment que le développement du secteur et le renforcement de son rôle dans le financement de l'économie passent par une fiscalité plus adaptée, une distribution de proximité et par un effort d'éducation financière.
L’ASFIM propose un changement du statut actuel des OPCVM : De « l’exonération permanente de l’Impôt sur les Sociétés », vers un statut mettant en adéquation ces véhicules d’épargne avec le profil de produits qu’ils représentent. Ceci pour éviter tout risque fiscal qui pourrait décourager les investisseurs en OPCVM et leur offrir plutôt une stabilité, à travers un dispositif fiscal plus adapté aux caractéristiques mêmes des instruments financiers.
Dans un souci d’équité et de mise en confiance des investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, et pour mieux adapter le dispositif fiscal applicable aux OPCVM aux caractéristiques même de ces instruments financiers, la profession préconise d’exclure les OPCVM du champ de l’Impôt sur les Sociétés, ce qui permettrait, d’assouplir les procédures administratives auxquelles ils sont soumis et de mettre en adéquation ces véhicules d’épargne avec le profil de produits qu’ils représentent. La profession souhaite par ailleurs accompagner l’administration fiscale dans la refonte des dispositions fiscales afin d’encourager l’épargne des ménages à long terme en OPCVM. Ainsi, l’ASFIM propose, qu’une défiscalisation partielle du revenu imposable soit mise en place, qu’elle soit conditionnée par l’âge et la durée de détention (comme pour l’épargne retraite), et par un plafonnement du montant investi (comme pour le compte sur carnet). Ces différentes incitations fiscales devraient ainsi amener progressivement les particuliers à orienter leur épargne vers la gestion d’OPCVM.
La profession souhaiterait engager des discussions avec les autorités de tutelle, le GPBM et l’ensemble des acteurs de la place financière marocaine, pour la mise en place d’un processus de décloisonnement qui permettrait à terme la commercialisation des offres concurrentes d’OPCVM
Sur le point épineux de la distribution, la profession souhaiterait engager des discussions avec les autorités de tutelle, le GPBM et l’ensemble des acteurs de la place financière marocaine, pour la mise en place d’un processus de décloisonnement qui permettrait à terme la commercialisation des offres concurrentes d’OPCVM. Cela permettra au client final de disposer d’un choix plus étendu que celui offert à travers son établissement bancaire.
Le Mobile banking peut être un circuit alternatif de commercialisation des OPCVM et attirer ainsi de plus en plus de particuliers. Cette solution connectée permettra de souscrire et de racheter des parts ou actions d’OPCVM à n’importe quel moment et de n’importe quel lieu.
L'ASFIM propose également la lise en place d’une plateforme de commercialisation de l’ensemble des véhicules marocains de gestion collective et l'introduction de nouvelles méthodes de souscriptions/ rachats.