La courbe des taux est une source d’informations précieuse pour les opérateurs marchés. Elle répond à deux demandes sur les marchés financiers puisque, d’un côté, elle agrège l’ensemble des taux d’intérêt que va devoir acquitter un émetteur et, de l’autre, elle informe les investisseurs des rendements d’un titre selon sa maturité.
Allure d'une courbe des taux
De ce fait, il est intéressant de se pencher sur la manière avec laquelle un investisseur peut lire une structure à terme des taux d’intérêt, pour en tirer toute information susceptible d’améliorer sa prise de décision et ce, en fonction de son besoin en termes de couple rendement/risque, son horizon de placement et ses contraintes en matière d’investissement.
Il existe plusieurs approches, bien connues mais insuffisantes prises séparément, pour appréhender cette courbe. La première, théorie des anticipations, suppose que les taux d’échéances longues, ne soient rien d’autre que le reflet de la chronique de taux courts anticipés futurs. Les taux longs doivent donc répondre aux anticipations des investisseurs sur l’orientation future de la politique monétaire.
La théorie de l’habitat préféré
Cette théorie part du postulat que l’on peut opérer une segmentation parmi les investisseurs. Il apparaîtra certaines catégories qui ont pour pratique d’investir sur des titres d’une maturité déterminée et n’en sortent qu’exceptionnellement. Cette partie de la courbe des taux sur laquelle ils interviennent de façon quasi-systématique est appelée « habitat préféré ». Sur la longue période, par exemple, on retrouve la demande des Caisses de retraites et de certains fonds long terme. Les prêteurs préfèrent pour leur part les échéances courtes. Aller ailleurs équivaut pour cette catégorie à une prise de risque. Ils exigeront alors d’être payés pour cela.
L’approche par la prime de risque
Avec cette approche, les investisseurs doivent être compensés pour le risque qu’ils prennent en immobilisant leur fonds (risque d’inflation, de défaut, de liquidité, de détérioration des finances publiques et donc de la qualité des papiers…). Cette approche est, en effet, la plus satisfaisante mais à l’inconvénient d’être un peu «fourre-tout». Comment, en effet, séparer la prime de liquidité de la prime d’inflation de manière efficace par exemple?
Quelle information tirer de la forme de la courbe des taux ?
La courbe peut être un bon indicateur avancé du cycle économique. En termes simples, la forme de la courbe devrait pouvoir nous informer sur l’orientation future de l’activité. Popularisée dans les années 1980-1990, on pouvait calculer la probabilité d’une récession en fonction de la courbe. Plus celle-ci était plate, voire inversée plus le risque était grand d’un assouplissement à venir de la politique monétaire et donc d’une récession.
Depuis 2000 et avec la multitude des facteurs de bruits qui influencent les taux, cette approche a été mise en échec.
Quelle est la bonne lecture ?
Probablement l’ensemble de ces approches, ou encore une lecture est bonne de temps en temps, mais pas toujours. Il ne faut pas oublier l'incidence de l'inflation pour expliquer le comportement des taux d'intérêt. L'inflation (anticipée) est probablement le facteur le plus important dans la détermination des taux d'intérêt. Vient ensuite sans doute l'aversion au risque.
Y.S
Sources documentaires : La logique du Hasard, par Evariste Lefeuvre, chef économiste Amérique du Nord de Natixis.