La gestion dynamique de la dette marocaine a pour but de rallonger la maturité de la dette et d'en réduire le coût moyen. Force est de constater que ces deux objectifs ont été réalisés. Merci l'évolution des taux !
La présentation des grandes lignes de la Loi de Finances par le ministre Boussaid devant les parlementaires est l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'évolution de la dette publique, cette année. Hier, nous présentions à chaud les chiffres, aujourd'hui on revient sur certains constats.
Le premier est que les taux demandés par les investisseurs par rapport à fin décembre 2014 ont baissé sur le marché domestique grâce à la baisse du taux directeur. Ensuite, l’encours de la dette du Trésor s’est établi à 608,4 milliards de dirhams au premier semestre, contre 586,6 milliards de dirhams au premier semestre 2014, soit une progression de 4%. Cette évolution s’explique principalement par l’augmentation de l’encours de la dette intérieure de 5,2%.
Par ailleurs, les charges en intérêts et commissions de la dette du Trésor se sont établies à près de 17,2 milliards DH à fin juin 2015, dont 15,2 milliards DH pour la dette intérieure.
Rallongement des maturités
La hausse de la dette publique s'est faite beaucoup moins rapidement que les années précédentes, et surtout sur des maturités plus longues. Car aujourd'hui, les maturités supérieures à 5 ans représentent plus de 72% de l'encours. C'était là l'un des objectifs premiers annoncés par le Trésor en 2012. Le rallongement des maturités crée moins de tensions sur le Budget de l'Etat à court terme. Par ailleurs, les risques de change restent maîtrisés dès lors que 75% des dettes sont libellées en dirhams.
Cette stratégie, en plus de servir les intérêts du gouvernement, permet de dynamiser le marché financier local. Car cela offre aux institutionnels plus d'opportunités d'arbitrage dans leurs stratégies de placement.
Pour l'année 2016, le déficit budgétaire cible se situe à 3,5%. On voit mal le gouvernement changer de stratégie pour le combler. Il devrait continuer à profiter des taux bas au Maroc pour ses prochaines émissions, qui compenseront toute hausse des taux aux Etats-Unis ou en Europe, sachant que 91,5% des taux d'intérêts sont fixes. Ce pilotage consistera plus à gérer les risques de change plutôt que les risques de taux.