Mardi 22 Decembre 2015

Croissance économique en 2016 : Le contrepried de Bank Al-maghrib

Analyse du Marché Boursier Marocain

Le Conseil d’Administration du FMI vient d'achever, il y a moins d'une semaine, les consultations pour l’année 2015 avec le Maroc, au titre de l’Article IV. Des consultations qui se sont soldées par une note plutôt positive : l'économie marocaine devrait croître de 3,7% en 2016  avait estimé le Fonds monétaire international. Il y a quelques mois (en avril dernier), le FMI tablait sur une croissance de 5% en 2016.

 

Quelques semaines plutôt, le gouvernement avait tablé sur une croissance de 3 % l'an prochain. Pour sa part, la Banque mondiale s’inscrit dans la même veine. Si le taux de croissance dans la région Moyen-Orient et en Afrique du Nord devrait rester inchangé à 2,2 % en 2015, il rebondirait néanmoins durant la période 2016-2017 pour atteindre 3,7%. Et ce, grâce à l’accroissement de la demande extérieure et au renforcement de la confiance qui stimule l’investissement dans certains pays importateurs de pétrole, estime la BM. Dans ce contexte, le Maroc devrait réaliser une croissance de 4,8% en 2016 et 5% en 2017.

 

Le HCP et le CMC faisaient bande à part...jusqu'à présent 

 

Avec 2,8 et 2,6% respectivement, le CMC et le HCP semblent faire bande à part, se «liguant» contre l’optimisme des institutions financières internationales (FMI et BM). Et ça, ce ne doit pas être forcément du goût du gouvernement marocain, très pointilleux sur les prévisions de croissance économique. Début 2014, une vive polémique avait d’ailleurs éclaté à ce sujet, à la faveur d’une sortie au vitriol du ministre des Affaires générales et de la Gouvernance, Mohamed El Ouafa, contre le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi. Invité dans une radio de la place, il avait alors qualifié de «faux» les chiffres du HCP, allant jusqu’à remettre en cause la légitimité des statistiques produites par cet établissement qui, selon lui, «s’attaque à l’image du pays». Simplement parce que loin des considérations politiques, les prévisions du HCP en termes de déficit budgétaire et de croissance sont souvent en décalage par rapport à celles du ministère des Finances. Ce qui agace passablement le gouvernement. Au point de pousser El Ouafa à laisser entendre que seules les prévisions du gouvernement, par la voix du ministère de l’Economie et des Finances, feraient foi dans ce pays. Pourtant, il semble difficile de décrédibiliser le HCP, une structure qui se conforme dans ses statistiques et ses études aux normes internationales, et est admise, depuis 2005, à la Norme spéciale de la diffusion des données du Fonds monétaire international. Une institution qui, surtout, jouit d’une «indépendance institutionnelle et intellectuelle dans l’établissement de ses programmes et la conduite de ses travaux d’enquêtes et d’études». Il y'a quelques semaines, le Chef du Gouvernement avait à son tour remis en cause les données du HCP, cette fois-ci concernant les chiffres du chômage. 

 

Seulement voilà, les prévisions de la Banque Centrale concernant la croissance en 2016, émises aujourd'hui lors du dernier Conseil de cette année, font état d'une croissance attendue de 2,6% en 2016. Ce n'est pas la première fois que la Banque Centrale s'éloigne des prévisions du gouvernement et des institutions financières internationales. D'habitude, la Banque Centrale reste modérée et se positionne, dans ses prévisions, sur une moyenne entre les extrêmes. Cette fois-ci, elle a complètement pris le gouvernement à contrepied. Certains diront que la différence n'est pas énorme entre une croissance de 2,6% estimée par  BAM et les 3% du gouvernement, mais hélas c'est bien suffisant pour maintenir l'expansion du chômage. En tout cas, peu importe, 2,6% ou 3%, le gouvernement n'aura jamais atteint les 6,5% promis lors de sa compagne.  

 

 

Reconnaissons qu’il y a quand même une constante dans ce pays : il est d’autant plus difficile d’établir des pronostics que la croissance économique dépend de facteurs exogènes et endogènes, dont le plus important, mais également le plus aléatoire, reste la pluviométrie. Et l’histoire économique du Maroc a montré qu’avec une bonne campagne agricole (comme c’est le cas pour cette année), la croissance est tout le temps au rendez-vous, caressant la barre des 5%. Et tant qu’il y aura cet impondérable (pluviométrie) et que le PIB non agricole ne se développera pas suffisamment, les écarts de prévision demeureront. Et les débats continueront 

 

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