Nulle technologie n’est infaillible et la blockchain présente elle-même des limites. C’est ce que nous a expliqué Issam El Alaoui, CEO du Datalab du CIH, lors d’une rencontre sur la thématique organisée par l'institut CDG. Après un exercice de vulgarisation, citant plusieurs Use cases de la Blockchain, El Alaoui a recentré le débat autour de ses problématiques, qui laissent certains acteurs réticents face à son potentiel. On vous en citera cinq.
Importance et volatilité des frais de transaction
Les frais de transaction, pour le réseau Bitcoin ou Ethereum par exemple, correspondent au coût d'enregistrement d’une transaction dans la blockchain. C'est l'émetteur de la transaction qui paye ces frais.
« Ces frais ne sont pas fixes et connaissent des piques de volatilité » nous éclaire El Aloui. « À l’heure actuelle, ces coûts sont de 5 DH par transaction. Ces derniers étaient de 50 dollars lors de l’emballement des cryptomonnaies ».
Scalabilité
« La scalabilité ou la vitesse du réseau est un vrai goulot d’étranglement pour les des réseaux blockchain », fait-il remarquer. Pour les blockchains publiques, le volume de transactions qu’il est possible de traiter par seconde est très insuffisant, 3 à 5 transactions par seconde. Pour une blockchain Ethereum, ce chiffre est entre 3 à 7 transactions par seconde. Ceci reste évidemment bien loin des capacités transactionnelles nécessaires à des secteurs comme celui de la banque. A l’inverse, pour Paypal ou pour Visa, ces chiffres peuvent aller jusqu'à 20.000 transactions par seconde.
Le temps de confirmation
Lorsqu’un utilisateur effectue une transaction via Blockchain, elle doit être approuvée par les mineurs avant d’être traitée. C’est ce que l’on appelle le consensus.
Or, « Les principaux vols de cryptomonnaies se sont déroulés lors de ces temps de confirmation, il n’y a pas de temps réel dans la blockchain » revèle notre expert. Il nous illustre : « Avec le Bitcoin par exemple l’utilisateur à 60% des chances d’avoir son argent dans 10 minutes, 95% dans 30 minutes et 99% au bout d’une heure ».
L’immuabilité
En substance, l’immuabilité se réfère à quelque chose qui ne peut pas être modifiée après sa création. C’est le cas pour les opérations par Blockchain.« Par exemple pour une banque qui commet une erreur dans un virement via le réseau blokchain, elle ne peut pas faire de retour en arrière pour la corriger » indique le chief data officer du CIH.
En cas d’erreur, toute modification des blocs supposerait l'accord au moins de la majorité des milliers de mineurs lesquels ont validé la transaction, et cela constituerait un défi d’un autre genre pour cette technologie.
Un gouffre énergitique
Une des remarques lors de cette rencontre émise est celle de la consommation énergétique de la blockchain et du minage. Le réseau Bitcoin par exemple a consommé en termes d’électricité, au seul mois mars de 2018, ce que l’Irlande a consommé en un an. L'équation énergétique du bitcoin est donc un vrai problème. Certains parlent même d’une « catastrophe écologique en puissance ».
Au final, ces limitations ne rendent pas cette rupture moins révolutionnaire, mais elles soulèvent des questions quant à son efficacité et sa fiabilité. Mêmes les grosses compagnies mondiales relativisent sur la place de cette technologie dans leurs business, faute de rentabilité économique satisfaisante. Le responsable d’innovation groupe chez Axa, avait dans ce sens indiqué que « l’objectif n’est pas d’en faire une activté majeure, mais d’apprendre à utiliser cette technologie… ».
Mais il faut aussi dire que la Blockchain est toute jeune (2008), et que ces problématiques peuvent être surmontées. D'ailleurs, les premiers travaux sur l'intelligence artificielle, datent de 1956. Pourtant, elle connait toujours des phases d'expérimentation et d'ajustement.
Y.S