2024 devrait constituer le point pivot dans la politique monétaire de Bank Al-Maghrib, selon Attijari Global Research.
Pour le bureau de recherche, BAM devrait désormais se focaliser sur les nouveaux défis économiques du Royaume : croissance et investissements.
Pour la troisième fois consécutive en 2023, la Banque Al-Maghrib (BAM) a pris la décision de maintenir son taux directeur à 3% lors de son dernier comité de politique monétaire de l'année. Cette décision intervient après une série d'augmentations cumulées de +150 points de base en septembre, décembre 2022 et mars 2023. Elle reflète la tendance observée chez de nombreuses grandes banques centrales internationales.
Plus précisément, au cours du quatrième trimestre de 2023, plus de deux tiers des 30 principales institutions monétaires internationales ont également choisi de maintenir leurs taux directeurs inchangés. Parmi elles, on peut citer la Réserve fédérale américaine (FED), la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d'Angleterre (BOE), la Banque nationale suisse (BNS) et la Banque du Canada (BOC).
Au Maroc, cette décision est en grande partie conforme à la tendance actuelle de désinflation. Depuis son pic de 10% en février, l'inflation a progressivement ralenti pour atteindre 3,6% en novembre 2023. Parallèlement, l'inflation sous-jacente a également suivi une trajectoire à la baisse, passant en dessous de 4%.
En considérant les nouvelles projections d'inflation de BAM pour la période 2023-2025, ainsi que sa propre analyse, deux hypothèses clés se dessinent pour l'année 2024, explique AGR :
-Premièrement, la désinflation devrait se poursuivre au Maroc. Cette évolution s'explique par le ralentissement de la demande mondiale et la diminution des prix de l'énergie, qui devraient avoir un impact sur la composante liée aux importations. De plus, les mesures budgétaires visant à soutenir le pouvoir d'achat et à transmettre les hausses du taux directeur à l'économie réelle devraient contribuer à atténuer les pressions inflationnistes sur les prix intérieurs en 2024.
-Deuxièmement, un possible changement de politique monétaire est à l'horizon pour la Réserve fédérale américaine (FED) et la Banque centrale européenne (BCE) en 2024. En réponse à la tendance à la baisse de l'inflation à l'échelle internationale, ces grandes banques centrales pourraient envisager un nouveau cycle d'assouplissement monétaire, avec des réductions de leurs taux directeurs dès le premier semestre de 2024.
Avec le recul des pressions inflationnistes au Maroc et à l'étranger à partir de 2023, BAM devrait se recentrer sur les défis économiques émergents du Royaume. Cela comprend le soutien à l'investissement et à la croissance, notamment dans le cadre de la réhabilitation de la région du Sud après le séisme et de la co-organisation de la Coupe du Monde en 2030.
Les nouvelles projections économiques dévoilées par BAM émettent des signaux forts quant à son orientation future en 2024. L’inflation devrait converger vers l’objectif de stabilité à 2% dès 2024.
Dans ces conditions, le scénario central d’AGR prévoit une phase d’assouplissement monétaire en 2024, à l’instar des grandes Banques centrales à l’international et tenant compte des nouveaux enjeux du Royaume.