(Reuters) Les secteurs les plus dépendants des cycles économiques sont revenus en grâce à Wall Street et pourraient bien le rester si la croissance économique mondiale reste vigoureuse.
En septembre, les compartiments de l'énergie, des industrielles et des financières ont fait mieux que la hausse de 1,9% de l'indice large S&P-500 alors qu'ils avaient sous-performé depuis le début de l'année.
Le S&P-500, qui enchaîne les records, a gagné 14% depuis le 1er janvier, une progression surtout tirée par les valeurs technologiques et pharmaceutiques peu sensibles aux cycles économiques.
La question qui se pose maintenant pour les investisseurs est de savoir si septembre a juste été un mois de rattrapage technique ou si les valeurs cycliques peuvent espérer une trajectoire de hausse durable.
"Si c'est juste un rattrapage, cela ne durera quelques semaines et on reviendra vite aux anciennes gloires. S'il s'agit d'un mouvement plus fondamental, il durera plus longtemps", dit Walter Todd, directeur des investissements chez Greenwood Capital Associates à Greenwood, en Caroline du Sud.
Un premier test arrivera dans la semaine avec les résultats trimestriels des conglomérats industriels General Electric et Honeywell International, ou encore ceux du géant ferroviaire CSX ou du sidérurgiste Nucor, qui donneront des indications sur la santé de l'économie.
Le rebond du mois de septembre, qui a aussi concerné les valeurs moyennes, a rappelé la forte hausse des marchés actions après l'élection du président Donald Trump en novembre 2016.
Les cycliques et les "small caps" avaient alors monté dans l'anticipation des baisses d'impôts et des mesures de dérégulation promises par le candidat républicain mais ce mouvement s'est vite essoufflé en l'absence d'avancée législative pour la nouvelle administration.
En septembre, Donald Trump a relancé son projet de réforme fiscale avec quelques résultats mais sans encore pouvoir faire adopter un texte au Congrès.
"D'une certaine façon, on a commencé à répliquer la performance du marché après l'élection de Trump", observe Quincy Krosby, stratège marchés chez Prudential Financial à Newark (New Jersey). UN REBOND DURABLE ?
Surtout, le renforcement de la reprise aux Etats-Unis et dans le monde laisse espérer un rebond durable des valeurs cycliques.
L'indice de surprise économique de Citigroup pour les Etats-Unis, qui compare les indicateurs économiques au consensus du marché, est à son meilleur niveau depuis cinq mois après avoir piqué du nez pendant l'été.
Le Fonds monétaire international vient de relever ses prévisions de croissance mondiale à 3,6% en 2017 et 3,7% en 2018, en mettant en avant une accélération de la demande dans les pays avancés ainsi qu'une amélioration de la situation dans la plupart des grandes économies émergentes.
Le département américain du Commerce a lui-même rehaussé le mois dernier sa prévision de croissance pour le deuxième trimestre à 3,1% en taux annualisé, au lieu de 3,0%.
Pour Jim Paulsen, stratège chez The Leuthold Group à Minneapolis, ces indicateurs et d'autres comme la hausse des cours du pétrole ou celle des prix du fret mesurés par le Baltic Dry Index, expliquent pour une bonne part le retour en grâce des valeurs cycliques.
"Ces éléments reflètent une dynamique économique réelle et pas seulement l'espoir probablement vain d'un changement de politique sous Trump", dit-il.
Les paris en faveur des cycliques se sont poursuivis pendant la première semaine d'octobre, à en croire les flux de capitaux mesurés par Lipper. Les fonds indiciels (ETF) des financières , des industrielles et de l'énergie ont bénéficié des plus forts afflux de capitaux alors que ceux des technologiques et de la santé ont subi des retraits nets.
Mais il reste à passer l'épreuve des résultats.
Pour les technologiques, le secteur le plus en vue à Wall Street cette année avec une hausse de 29%, les analystes prévoient en moyenne une progression de 12,2% des bénéfices au troisième trimestre, soit deux fois plus que la croissance attendue pour des compartiments cycliques comme les industrielles ou les matériaux.
Kate Warne, responsable des investissements chez Edward Jones à St. Louis, rappelle que l'attractivité des valeurs technologiques et de la santé tient d'abord à la robustesse et à la croissance régulière de leurs bénéfices.
"Pour que les cycliques continuent de surperformer, il faudra de nouveaux signes d'accélération de la croissance économique mondiale, au-delà même de ce qu'on a déjà pu voir cette année", juge-t-elle.
Sur l'ensemble de la semaine écoulée, l'indice Dow Jones a progressé de 0,43% et le S&P-500 de 0,15%, tous les deux en hausse pour la cinquième semaine d'affilée. Le Nasdaq Composite a pris pour sa part 0,24%, enregistrant une troisième semaine consécutive de gains.