Washington, 3 mars 2017 (AFP) - La présidente de la banque centrale américaine (Fed) a clairement ouvert la voie à une nouvelle hausse des taux américains en mars, qui serait la première depuis que Donald Trump s'est installé à la Maison Blanche en janvier.
"Si l'emploi et l'inflation continuent d'évoluer conformément à nos attentes, un nouvel ajustement des taux fédéraux sera dans ce cas probablement justifié", a déclaré Janet Yellen dans un discours à Chicago (nord).
Le comité monétaire de la Fed, qui se réunit les 14 et 15 mars, procéderait ainsi à un troisième relèvement depuis l'éclatement de la crise financière en 2008. La dernière hausse, en décembre, avait assigné une fourchette de 0,50% et 0,75% à ces taux, qui influent sur le coût du crédit.
Selon Mme Yellen, le resserrement de la politique monétaire serait justifié du fait de perspectives économiques "encourageantes" aux Etats-Unis et, surtout, en raison de l'affaiblissement "apparent" des risques en provenance de l'étranger.
Ces deux dernières années, la banque centrale avait plusieurs fois suspendu sa normalisation monétaire face au choc du Brexit britannique et certaines turbulences financières en provenance de Chine.
Dans son discours, Mme Yellen a d'ailleurs tenu à répondre à certains qui avaient critiqué la Fed pour avoir, selon eux, trop attendu pour mettre un terme à sa politique de taux zéro, mise en place pour soutenir la reprise.
Pendant sa campagne, Donald Trump avait ainsi accusé la Fed de ne pas relever ses taux pour ne pas provoquer de turbulences pour la fin du double mandat de Barack Obama. Il n'a toutefois pas réitéré ces critiques depuis son arrivée à la Maison Blanche.
"Je ne vois pas de signe que la Réserve fédérale ait tardé à agir", a répliqué la dirigeante, tout en convenant que la normalisation monétaire serait à l'avenir "probablement moins lente" qu'en 2015 et 2016.
Sur le plan intérieur, Mme Yellen s'est félicitée que la Fed soit en passe d'atteindre les deux objectifs qui lui sont fixés par la loi: le plein emploi et une inflation annuelle stabilisée autour de 2%.
"L'économie américaine a accompli de grands progrès", a affirmé la présidente, à revers du sombre diagnostic du locataire de la Maison Blanche, qui assure avoir hérité d'un "chaos" économique.
Le taux de chômage américain évolue sous la barre symbolique des 5% depuis près d'un an et les prix à la consommation ont accéléré leur progression pour frôler la cible de la Fed (1,9% en janvier).
Mme Yellen, dont le mandat arrive à son terme en janvier 2018, a toutefois prévenu que l'économie américaine continuait à faire face à d'"importants défis".
L'expansion économique actuelle est la "plus faible" depuis la Seconde Guerre mondiale, avec un taux de croissance moyen de 2% marqué par une lente progression de la population active et une productivité "décevante", a relevé la responsable.
Mme Yellen a également souligné que les revenus hors inflation des classes moyennes étaient toujours "un peu plus bas" qu'avant la récession de 2008-2009 alors que ceux des plus fortunés avaient augmenté.
"Les gains durant cette reprise économique ont penché en faveur des plus hauts revenus, comme c'est le cas depuis un certain temps", a déploré la dirigeante, regrettant également que la situation économique des minorités noires et hispaniques soit moins favorable que celle des Blancs.
Mme Yellen a toutefois estimé que c'était au pouvoir politique et pas à la banque centrale de corriger le tir, lançant ainsi une pierre dans le jardin de Donald Trump.
"Les politiques budgétaires et règlementaires -- qui sont bien sûr de la responsabilité de l'administration et du Congrès-- sont les mieux placées pour s'attaquer à ces tendances structurelles", a-t-elle affirmé.