WASHINGTON, 15 octobre (Reuters) - Le déficit budgétaire des Etats-Unis s'est creusé au cours de l'exercice 2018 pour atteindre 779 milliards de dollars (673 milliards d'euros), son plus haut niveau depuis 2012, les allégements d'impôts décidés par l'administration Trump ayant amputé les recettes alors que le coût de la dette publique augmentait, montrent les chiffres publiés lundi par le Trésor.
Ce montant porte le poids du déficit à 3,9% du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis, après 3,5% pour l'exercice 2017.
Pour le seul mois de septembre, en revanche, le Trésor a fait état d'un excédent budgétaire de 119 milliards de dollars, un montant supérieur aux attentes et qui constitue un record pour un mois de septembre.
Sur l'ensemble de l'exercice clos au 30 septembre, le déficit s'est creusé de 113 milliards de dollars, soit de 17% par rapport à l'exercice 2017. Ajustée des effets calendaires, l'augmentation est encore plus marquée, a précisé le département du Trésor.
Le directeur du Bureau et de la gestion du budget (OMB) à la Maison blanche, Mick Mulvaney, s'est néanmoins voulu rassurant sur l'évolution des finances publiques.
"L'économie américaine en pleine expansion va augmenter les recettes fiscales, une étape importante vers la soutenabilité budgétaire à long terme", a-t-il dit dans un communiqué.
De son coté, le Bipartisan Policy Center, un cercle de réflexion indépendant, a estimé que les chiffres publiés lundi devaient constituer un "signal d'alarme" pour les responsables politiques.
"Le fait que notre gouvernement se rapproche d'un déficit de 1.000 milliards de dollars au coeur d'une phase d'expansion économique devrait être considéré comme un problème grave par les électeurs et les candidats", a dit son vice-président William Hoagland, en référence aux élections de mi-mandat qui auront lieu le 6 novembre.
La majeure partie de l'augmentation du déficit depuis un an est liée au poids de plus en plus lourd du service de la dette publique fédérale, le Trésor ayant dû accroître ses emprunts pour compenser la diminution des recettes fiscales provoquée par les allègements d'impôts dont ont bénéficié les entreprises et les ménages.
Ce mouvement a été amplifié par le relèvement progressif des taux d'intérêt de la Réserve fédérale.
La Fed a d'ailleurs essuyé ces derniers jours à plusieurs reprises des critiques du président Donald Trump, qui a même jugé que la banque centrale était en train de devenir "folle".