BERLIN/FRANCFORT (Reuters) - Une fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank pourrait entraîner à long terme la suppression de 30.000 emplois, a déclaré lundi un représentant du syndicat Verdi qui est également membre du conseil de surveillance de Deutsche Bank.
L’un des principaux actionnaires de la première banque allemande est aussi sceptique quant à l’intérêt d’un éventuel mariage avec Commerzbank, a dit une source proche de cet investisseur.
Malgré l’hostilité syndicale et les réserves de cet actionnaire, qui témoignent des obstacles à franchir avant de parvenir à une fusion entre les deux premières banques d’Allemagne, le marché réagit positivement à la confirmation dimanche de discussions entre les deux établissements, favorisées par le gouvernement allemand.
Les titres Deutsche Bank et Commerzbank prennent respectivement 3,63% et 6,28% à Francfort vers 10h45 GMT, tirant vers le haut l’indice regroupant les valeurs bancaires européennes (+1,08%).
S’exprimant sur la chaîne de télévision n-tv, Jan Duscheck, représentant de Verdi, a estimé qu’une telle fusion menacerait 30.000 emplois, essentiellement en Allemagne. A court terme, ce sont 10.000 postes qui pourraient disparaître, a-t-il dit.
Deutsche Bank emploie actuellement 91.700 personnes et Commerzbank 49.000, soit environ 140.000 au total.
Les conseils de surveillance des deux banques se réunissent jeudi.
Face aux difficultés persistantes de Deutsche Bank, le gouvernement allemand est favorable à la création d’un champion national capable de soutenir financièrement les entreprises exportatrices, moteur essentiel de la première économie européenne.
Alors que l’Etat allemand détient 15% de Commerzbank depuis qu’il lui a évité la faillite il y a une dizaine d’années, l’emploi sera un enjeu crucial pour l’avenir de ce projet de fusion.
Helge Braun, chef de la chancellerie fédérale, a déclaré lundi au journal Bild que le gouvernement serait attentif sur ce point.
“Le gouvernement n’est jamais passif quand il s’agit d’opérations d’une telle ampleur”, a dit ce proche de la chancelière Angela Merkel.
Au-delà de la question des emplois, Jan Duscheck doute du bien-fondé même d’une fusion. “De notre point de vue, une possible fusion ne déboucherait pas sur un modèle d’entreprise viable sur le long terme”, a-t-il dit.
D’après l’un de ses proches, l’un des grands actionnaires de Deutsche Bank n’est pas fondamentalement opposé à un tel rapprochement mais réclame d’être convaincu.
“Nous avons des doutes considérables sur le raisonnement et le calendrier et nous voulons être convaincus”, a dit cette personne.
Fusionnées, Deutsche Bank et Commerzbank donneraient naissance à un établissement comptant près de 1.800 milliards d’euros d’actifs au bilan et une capitalisation boursière cumulée d’environ 25 milliards d’euros. Le nouvel ensemble contrôlerait 20% du marché de la banque de détail en Allemagne.