L'inflation a franchi la barre des 80% en août en Turquie, à 80,21% sur un an, contre 79,6% en juillet, un niveau record depuis 1998, selon les données officielles publiées lundi.
Cette très forte hausse des prix s'explique en grande partie par l'effondrement de la livre turque, qui a perdu près de 55% de sa valeur en un an face au dollar.
À rebours des théories économiques classiques, le président Recep Tayyip Erdogan estime que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation. Mais sa politique monétaire hétérodoxe a entraîné une chute de la monnaie nationale, alimentant la hausse des prix.
La Banque centrale turque a ainsi une nouvelle fois surpris les marchés mi-août en abaissant son principal taux directeur de 14% à 13% en dépit de l'inflation galopante.
"Le plus gros problème auquel nous sommes confrontés actuellement est le coût de la vie", a reconnu mardi dernier le chef de l'État turc, qui refuse toutefois d'infléchir sa politique économique à neuf mois et demi de la prochaine élection présidentielle.
Malgré deux hausses du salaire minimum depuis le 1er janvier, l'envolée des prix devient difficilement soutenable pour une partie des Turcs.
L'opposition et nombre d'économistes accusent en outre l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié l'ampleur de l'inflation.
Le Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), composé d'économistes turcs indépendants, a ainsi affirmé lundi matin que l'inflation avait atteint 181,4% sur un an en août.
La Turquie connaît une inflation à deux chiffres presque sans discontinuer depuis début 2017, mais celle-ci n'avait jamais atteint de tels niveaux depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan en 2003.