L'inflation s'est envolée à près de 70% (69,97%) sur un an en avril en Turquie, au plus haut depuis février 2002, selon les chiffres officiels publiés jeudi.
En mars, la hausse des prix à la consommation, conséquence de l'effondrement de la livre turque et de la flambée des cours de l'énergie notamment, avait atteint 61,14% en glissement annuel.
Malgré les craintes de nouvelles hausses de prix liées à la guerre entre l'Ukraine et la Russie, d'où la Turquie importe énergie et céréales, la Banque centrale turque n'a pas pour le moment relevé ses taux d'intérêt - établis à 14% depuis fin 2021.
Le président Recep Tayyip Erdogan, qui estime à rebours des théories économiques classiques que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation, avait contraint l'institution à abaisser son taux directeur de 19% à 14% entre septembre et décembre, entraînant une chute de la livre.
La monnaie a ainsi vu sa valeur fondre de 44% face au dollar en 2021, et a encore perdu plus de 11% face au billet vert depuis le 1er janvier.
L'inflation est au coeur des débats en Turquie, à quinze mois de l'élection présidentielle prévue en juin 2023, l'opposition et nombre d'économistes accusant l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer sciemment et largement son ampleur.
Des économistes turcs indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag) ont affirmé jeudi matin que l'inflation atteignait en réalité 156,86% sur un an, plus de deux fois le taux officiel.
Le président Erdogan, qui avait promis en janvier de ramener l'inflation à un chiffre "le plus vite possible", a assuré la semaine dernière que celle-ci "commencera à ralentir après le mois de mai".
La Turquie connaît une inflation à deux chiffres presque sans discontinuer depuis début 2017, mais n'avait jamais connu une telle hausse des prix à la consommation depuis l'arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan fin 2002.