GAAFOUR (Tunisie), 28 juin 2015 (AFP) - En apparence, c'était un jeune Tunisien comme beaucoup d'autres, un étudiant en master amateur de breakdance. L'auteur présumé de l'attentat dans un hôtel près de Sousse a pourtant fini dans une flaque de sang, abattu par la police après avoir massacré 38 personnes.
Le jeune homme vêtu d'un short et d'un T-shirt noirs qui a ouvert le feu vendredi sur des touristes en maillot de bain profitant du soleil sur une plage a été identifié par les autorités comme Seifeddine Rezgui, un Tunisien de 23 ans.
Originaire de Gaafour, une petite ville du gouvernorat de Siliana (nord-ouest), il était en master professionnel à l'Institut supérieur des études technologiques (Iset) de Kairouan, dans le centre du pays, selon le ministère de l'Intérieur.
"Un élément inconnu de nos services. Son environnement familial était normal", a déclaré le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, à la télévision privée El Hiwar Ettounsi.
D'où la stupéfaction, dans sa ville et dans les médias, face à ce "terroriste énigmatique" comme l'a qualifié El Hiwar Ettounsi.
"Comment un diplômé universitaire passe-t-il de jeune homme qui réussit ses études à terroriste et tueur d'innocents ?", s'est demandé la chaîne dans un reportage.
Dimanche son père, effondré, recevait les condoléances de quelques personnes dans la modeste petite maison que se partagent plusieurs membres de la famille dans le quartier pauvre de Hay Ezzouhour, à Gaafour.
"S'il vous plaît, ne me parlez pas", demandait avec lassitude à des journalistes cet homme qui travaille selon un voisin comme ouvrier mais arrondit ses fins de mois avec de la maçonnerie.
Comme beaucoup de voisins, l'oncle de Seifeddine Rezgui, Ali, 71 ans, a fait part de sa stupeur.
"En 23 ans, il n'a rien fait d'illégal. Il finissait les cours, il riait, il disait bonjour et il passait son chemin", a-t-il raconté à l'AFP.
"Comment s'est-il entraîné ? Où s'est-il entraîné ? Seul Dieu le sait. C'est ça qui nous tourmente maintenant", lâche-t-il.
L'un de ses cousins, Nizar, 32 ans, a assuré que Seifeddine Rezgui se trouvait le jour précédant l'attentat à Gaafour, où il travaillait occasionnellement comme serveur pour financer ses études.
"Il était normal. Il est venu ici, il a travaillé dans le café, il est rentré chez lui, il est allé prier et il s'est assis avec les gars dans le café", a-t-il affirmé. "Tout Gaafour est surpris", a-t-il insisté.