WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a déclaré lundi qu'il avait l'intention de maintenir son projet de droits de douane sur l'acier et l'aluminium en dépit des appels à renoncer émanant aussi bien des élus de son bord politique que des entreprises américaines.
A la Maison blanche, la confusion régnait toujours en ce début de semaine sur la date de cette taxation et les produits concernés. Le Mexique et le Canada pourtant liés aux Etats-Unis par l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), devraient être tout particulièrement affectés.
Certains estiment que Donald Trump finalisera son projet dans la semaine, tandis que d'autres estiment qu'il faudra attendre la semaine prochaine.
Dans le camp du président républicain, les ténors sont montés au créneau lundi, à commencer par le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan. L'Etat qu'il représente, le Wisconsin, risque d'être touché par les mesures de représailles envisagées par l'Union européenne qui a proposé de taxer les Harley-Davidson.
Un autre représentant républicain, le député Kevin Brady, a appelé Donald Trump à ne pas nuire aux alliés des Etats-unis.
Les chefs d'entreprise américains souhaitent une réunion avec le chef de la Maison blanche pour lui expliquer les répercussions négatives des droits de douane sur les entreprises qui utilisent l'acier et l'aluminium, apprend-on de source proche du dossier.
La date n'a pas encore été fixée, dit-on. Selon l'agence Bloomberg, une réunion pourrait avoir lieu jeudi.
Les marchés, qui dans un premier temps avaient chuté la semaine dernière à l'annonce du projet Donald Trump, se sont repris lundi. Mardi les marchés asiatiques poursuivaient leur remontée. Certains estiment que le président n'ira pas jusqu'au bout de son idée.
BEC ET ONGLES
"Nous ne faisons pas machine arrière", a déclaré Donald Trump lors d'une réunion à la Maison banche avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Je ne crois pas que nous allons avoir une guerre commerciale", a-t-il ajouté sans autre explication.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a appelé lundi Donald Trump pour lui dire que des droits de douane seraient un obstacle aux discussions en cours pour réviser l'Aléna, a-t-on appris dans l'entourage du gouvernement canadien.
Le Canada est le premier fournisseur d'aluminium et d'acier aux Etats-Unis. Au téléphone, Justin Trudeau "a défendu bec et ongles" les entreprises canadiennes et leurs salariés, indique-t-on. La conversation a été constructive, ajoute-t-on.
Six mois de discussions tendues n'ont pas permis de beaucoup avancer dans la renégociation de l'Aléna. Donald Trump a fait miroiter au Mexique et au Canada des exemptions sur les droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium s'ils acceptaient de renégocier l'Aléna dans des termes plus favorables aux Etats-Unis. Il s'est vu opposer une fin de non-recevoir.
Le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer a également tenté d'enfoncer un coin dans les relations entre le Canada et le Mexique en suggérant que les Etats-Unis étaient désireux d'avoir des discussions bilatérales plutôt que trilatérales. Là encore, les deux pays n'ont pas cédé.
Il est encore possible que Trump amende son annonce initiale pour tenir compte des inquiétudes qui se sont exprimées, dit-on de source proche du débat à la Maison blanche.
Trump a souvent haussé le ton sur le commerce, mais ses mots n'ont pas toujours été suivis d'effet. Il a ainsi souvent dit qu'il se retirerait de l'Aléna qu'il estime être la cause de suppressions d'emplois aux Etats-Unis. Mais, un an après son arrivée à la Maison blanche le traité de 1994 n'a pas changé.