(Reuters) - Un consortium mené par le groupe japonais SoftBank Group va prendre une participation importante dans Uber Technologies à l‘occasion d‘une cession de titres valorisant la société de transport à 48 milliards de dollars (40 milliards d‘euros), a annoncé Uber jeudi.
Uber a consenti une décote de 30% par rapport à sa valorisation la plus récente, qui était de 68 milliards de dollars, mais c’était le prix à payer pour faire entrer un actionnaire de référence qui confortera le nouveau directeur général Dara Khosrowshahi dans ses efforts pour réformer la gouvernance du groupe américain après des mois de turbulences et de scandales qui ont terni son image.
SoftBank et le reste du consortium, qui comprend notamment Dragoneer Investment Group, détiendront environ 17,5% d‘Uber, a précisé une source proche du dossier. Pour y parvenir, ils ont racheté des titres mis en vente par des actionnaires et salariés de la société américaine et accepté aussi d‘apporter 1,25 milliard d‘argent frais.
Ce dernier investissement de 1,25 milliard de dollars sera effectué sur la base de la valorisation plus ancienne (68 milliards de dollars), a ajouté la source.
Uber a indiqué que l‘opération serait bouclée au début 2018.
SoftBank avait fixé un seuil minimal de 14% pour son entrée au capital. Le japonais aura finalement une participation de 15%, laissant 3% au reste du consortium, a dit une deuxième source.
Le succès de l‘opération, d‘abord révélé par le Wall Street Journal, constitue une première victoire pour Dara Khosrowshahi qui a pris ses fonctions en août et s‘est mis aussitôt en quête de nouveaux actionnaires pour le géant américain des VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur).
L‘apport d‘argent frais servira à “soutenir nos investissements technologiques, alimenter notre croissance et renforcer notre gouvernance d‘entreprise”, a déclaré Uber, qui perd plus d‘un milliard de dollars par trimestre.
UN CONSEIL D‘ADMINISTRATION ÉLARGI
Rajeev Misra, patron du Vision Fund de SoftBank, un véhicule d‘investissement de 98 milliards de dollars dédié aux nouvelles technologies, sera l‘un des deux représentants du groupe japonais au conseil d‘administration d‘Uber.
Parmi les changements attendus, avant une introduction en Bourse prévue pour 2019, Dara Khosrowshahi entend notamment porter le conseil d‘administration de 11 à 17 membres, dont quatre administrateurs indépendants, et réduire les droits de vote et l‘influence de certains actionnaires historiques, à commencer par son encombrant prédécesseur Travis Kalanick.
“Les parties prenantes ont pris la bonne décision. Le prix compte moins que l‘assurance de mettre en oeuvre les changements de gouvernance et d‘obtenir le soutien du premier investisseur mondial en hautes technologies”, a commenté Erik Gordan, expert en entreprenariat à la Ross School of Business (Université du Michigan).
“Dans le cas contraire, la valeur du groupe aurait de toute façon baissé avec le retour des conflits internes et la possibilité d‘un retour de Kalanick”, a-t-il ajouté.
Masayoshi Son, le fondateur de SoftBank, a déjà des participations dans une kyrielle de sociétés de VTC, Didi en Chine, 99 au Brésil, Ola en Inde et Grab à Singapour.
Son arrivée au capital d‘Uber intervient après une année difficile pour la société américaine, poursuivie en justice par Waymo, la filiale de voitures autonomes d‘Alphabet qui l‘accuse de vol de secrets commerciaux, et qui fait aussi l‘objet d‘enquêtes fédérales pour des soupçons de corruption en Asie et d‘utilisation frauduleuse de logiciels lui permettant de contourner la réglementation de son secteur d‘activité.
La perte de sa licence d‘exploitation à Londres, des accusations de harcèlement sexuel en interne et l‘aveu de la dissimulation d‘un piratage informatique à large échelle ont ajouté aux déboires du groupe ces derniers mois.
Travis Kalanick a été évincé en juin mais il reste administrateur de la société et en est également l‘un des principaux actionnaires.