La Chine a accéléré jeudi la dévaluation du yuan, provoquant une nouvelle chute des marchés actions chinois ainsi qu'un recul prononcé de l'ensemble des Bourses asiatiques dans un contexte d'inquiétudes croissantes concernant la santé de la deuxième puissance économique mondiale et de craintes d'une guerre des monnaies dans la région, rapporte Reuters.
Pour la deuxième fois de la semaine, les nouveaux "coupe-circuits" mis en place après le krach de l'été ont été activés après que les Bourses chinoises ont plongé de plus de 7% en moins d'une demi-heure d'échanges.
L'indice CSI300 des principales valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen reculait de 7,21% à 3.284,74 points au moment de la suspension des cotations, maintenue pour l'ensemble de la séance, tandis que le composite de Shanghai baissait de 7,32% à 3.115,89. Ces deux indices avaient déjà plongé lundi, de respectivement 6,85% et 6,98%.
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,33% et celui regroupant les Bourses d'Asie et du Pacifique (hors Japon) a cédé 2,5%.
L'autorité chinoise de régulation financière a tenté sans succès d'enrayer la chute des marchés en publiant de nouvelles règles limitant la vente d'actions par les gros actionnaires d'entreprises cotées.
Une interdiction de vente d'actions imposée à ces grands actionnaires au plus fort du krach de l'été expirera vendredi. L'imminence de la fin de cette mesure explique largement le plongeon des derniers jours.
Selon Reuters, Cette mesure sera donc remplacée par une nouvelle règle, limitant à 1% du capital par période de trois mois la quantité d'actions que les principaux actionnaires pourront proposer à la vente.
Le Yuan inquiète
La Banque populaire de Chine a pris de court les acteurs de marché en fixant le cours pivot de la devise chinoise à 6,5646 yuans pour un dollar, soit un plus bas depuis mars 2011.
Cela représente un repli de 0,5% par rapport à mercredi et constitue la baisse quotidienne la plus marquée depuis la mi-août, quand une dévaluation inattendue de 2% avait fait vaciller les Bourses mondiales.
Après subi en 2015 la plus forte baisse de son histoire face au dollar, avec un recul de 4,7%, le yuan est en repli de plus de 1,5% depuis le début de l'année, une évolution considérée comme symptomatique de l'accélération de la détérioration de la conjoncture en Chine.
Si la dépréciation du yuan se poursuit, les autres pays asiatiques seront sous pression pour dévaluer leurs propres monnaies afin de rester compétitifs par rapport à la gigantesque machine à exporter qu'est la Chine.
Les inquiétudes sur la Chine et le retour de la Corée du Nord parmi les foyers de tension géopolitique ont entraîné un recul de près de 1,5% du Dow Jones mercredi à Wall Street, qui se retrouve à un creux de trois mois.
La dépréciation du yuan rend les matières premières, généralement libellées en dollars, plus onéreux pour les acheteurs chinois, ce qui pourrait peser sur la demande et enfoncer encore davantage les cours de ces matières premières.
Le Brent plongeait ainsi de plus 4%, touchant un nouveau creux de 11 ans, les craintes concernant la demande chinoise venant se rajouter au déséquilibre persistant entre une offre abondante et une demande atone, déséquilibre qui a fait plonger de 70% le cours de l'or noir depuis son dernier pic de juin 2014.