BOULOGNE-BILLANCOURT (Hauts-de-Seine) (Reuters) - Renault a publié vendredi des résultats records pour 2017 grâce au renouvellement de sa gamme et à la contribution d‘Avtovaz et de Nissan, renforçant ainsi la position du PDG Carlos Ghosn face à l‘Etat actionnaire dans le débat sur sa succession et sur la consolidation de l‘alliance Renault-Nissan.
Le groupe au losange a réalisé l‘an dernier un chiffre d‘affaires record de 58,77 milliards d‘euros, en hausse de 14,7%, une marge opérationnelle - record également - de 6,6%, contre 6,4% en 2016, et un bénéfice net, part du groupe, de 5,11 milliards d‘euros (+49,6%).
Le résultat opérationnel (3,85 milliards d‘euros) dépasse le consensus des analystes établi par Inquiry Financial pour Reuters, qui donnait 3,65 milliards, mais le chiffre d‘affaires s‘inscrit sous le consensus de 59,2 milliards.
“Nous avons une année record sur bien des domaines”, a commenté à des journalistes la directrice financière de Renault, Clotilde Delbos. “A commencer par la performance intrinsèque de Renault sur des marchés porteurs.”
Le groupe a confirmé ses prévisions de croissance des marchés en 2018, notamment une hausse de 2,5% de la demande automobile mondiale, ainsi que son objectif d‘une hausse de son chiffre d‘affaires à changes et périmètre constants. Il vise également cette année une marge opérationnelle supérieure à 6%.
Renault est parvenu à compenser un effet de changes négatif de 303 millions d‘euros et un effet des matières premières négatif, lui aussi, à hauteur de 394 millions. Il a notamment réduit ses coûts de 538 millions en 2017, grâce notamment au système d‘optimisation “Monozukuri”.
“Je ne pense pas que (l‘effet de change) va s‘améliorer (cette année), bien au contraire, je pense que ça risque d’être un petit peu pire”, a ajouté Clotilde Delbos.
Le conseil d‘administration de Renault a demandé au PDG Carlos Ghosn de rester aux manettes encore quatre ans pour renforcer l‘intégration de l‘Alliance formée avec le partenaire japonais Nissan et son compatriote Mitsubishi.
Carlos Ghosn, 63 ans, devra “engager les étapes décisives permettant de rendre l‘alliance pérenne” durant son prochain mandat, a fait savoir jeudi soir le conseil d‘administration du groupe automobile.
Le conseil a également confirmé la promotion du directeur délégué à la Compétitivité (CPO) Thierry Bolloré à un nouveau poste de directeur général adjoint du groupe automobile, à compter du 19 février. Malgré l‘arrivée d‘un numéro deux, Carlos Ghosn reste l‘homme fort de Renault alors qu‘il semblait parti jusqu‘ici pour céder la direction opérationnelle et se concentrer sur la présidence non exécutive de l‘alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
Sur son salaire, objet d‘un bras de fer régulier avec l‘Etat et à l‘origine d‘un tollé public en 2016, quand l‘assemblée générale avait rejeté la rémunération proposée, le ministre de l‘Economie Bruno Le Maire a annoncé que Carlos Ghosn avait accepté une forte réduction au titre de 2018.
“Il a accepté de baisser de 30%, il a organisé sa succession, tout ça, ça nous permet, l‘Etat et Renault, de travailler main dans la main, ensemble, en vue de la prochaine AG pour garantir l‘avenir de l‘alliance”, a déclaré Bruno Le Maire sur CNews.
Le titre Renault a progressé de 2,54% depuis début janvier, contre +3,5% pour l‘indice sectoriel européen après une année quasiment blanche en 2017 (-0,7%).